2009-03-26

NICOLAS dans la rue

J’ai rencontré Nicolas un de ces jours qui annoncent une période difficile pour les itinérants. Il était assis sur le trottoir.

Jeune, beau, il me demande : avez-vous 1 sou, juste 1 sou ?
J’ai tiré 1 $ de mon sac à main. Je me suis éloignée, incapable de gérer mes pensées : préjugés envers les itinérants, envers tous ceux qui leur donnent et qui contribuent à augmenter leur nombre en encourageant la paresse.

Après quelques minutes, surprise moi-même, je fais demi-tour, mon Cupidon venait de toucher mon âme. Je me retrouve assise avec Nicolas aux pieds de la foule. Il m’accueille chaleureusement, sans étonnement, nous parlons une bonne demi-heure, Il me raconte une enfance de difficultés d’intégration scolaire et sociale. Banni de l’école secondaire, mis à la porte par ses parents, il vit dans la rue depuis un an et demi.

En retournant chez moi, je me fais aborder par un autre qui m’offre le journal des itinérants. Je tire un autre dollar de mon sac à main et explique que j’ai lu le journal mais que je veux contribuer à son emploi. Il me répond d’une voix douce : « Madame, gardez votre dollar, il vous servira à acheter un café. Moi, je ne veux que vendre mon journal, je ne quête pas. »

Bien oui, me dis-je en m'en allant; j’ai compris, la dignité fait partie du menu affectif des gens de la rue, vendre le journal c’est un travail, ils ne demandent pas la charité. Quelle leçon !

Jeannine B. (lu dans l’Itinéraire)

Aucun commentaire: