2016-12-12

Prendre mon envol


À l’automne de ma vie, comme les outardes, je prenais un nouvel envol. Avec confiance, j’ai prié Mère Gamelin d’être chef de ce nouveau chantier dans ma vie, tout en lui dessinant les balises et les avenues incontournables.

« Elle n’a rien compris, » pensais-je. Aujourd’hui, je sais que « JE » n’avais rien compris. Sur ma route, je ne voyais que les cônes oranges, les détours, les sens uniques, alors que les lumières éclairaient de nouveaux chemins de vie pour moi. De nouvelles voies s’ouvraient à moi et, dans la noirceur qui m’habitait,  je n’étais pas à l’écoute. J’avais ignoré la main tendue, les mains ouvertes, l’accueil chaleureux sur le seuil d’une porte.

Comme un jardin, le bonheur se cultive à la saveur des saisons de la vie et à la couleur que l’on veut bien lui donner. Comme on fait son jardin, on a le choix de cueillir les fruits à l’heure des moissons. Pour moi, ainsi va la vie. Aussi loin que je me rappelle, j’ai choisi de semer des graines de bonheur et d’en partager la récolte.

C’est sur l’invitation d’un ami à être hôtesse dans un salon funéraire que j’ai traversé la première porte avec une certaine fragilité. (Je crois même que c’était la journée de Mère Gamelin) Un salon funéraire? Impensable pour moi qui avais perdu plusieurs êtres chers de façon tragique, les blessures n’étaient pas cicatrisées.

Savons-nous à quel moment la vie nous ouvre de nouvelles portes? À quel moment nous devenons les instruments de la Providence? À quel moment nous réalisons que la Providence nous accompagne au quotidien sur la route de la vie depuis toujours? J’ai, depuis, les mains ouvertes et une main tendue. J’ai renouvelé mon contrat d’amour avec là-haut.

Je ne suis pas dans le passé, je suis dans l’aujourd’hui et dans l’avenir. Après plusieurs conversations avec le couple d’amis, après avoir  partagé leurs expériences et leur cheminement, encouragée, j’ai  accepté. Quel défi! Quelle découverte! Quel enrichissement personnel !

J’ai mis un certain temps avant d’éprouver une aisance confortable. J’apprivoise toujours, au-delà des salons funéraires, mes peurs, mes souvenirs qui remontent en présence des personnes décédées. Il y a un quelque chose d’éphémère dans un salon funéraire.
Et comme dans la chanson de Jean Gabin :

Le jour où quelqu’un vous aime, il fait très beau…
…Moi qui suis à l’automne de ma vie
... On oublie tant de soirs de tristesse…Mais jamais un matin de tendresse !
…Maintenant, je sais….Je sais qu’on ne sait jamais!
…On ne sait jamais le bruit, ni la couleur des choses.
C’est tout ce que je sais…mais ça, je le sais.
 Merci de m’avoir ouvert la porte de votre confiance et le jardin de votre cœur.
Je vous aime et, comme on fait son jardin, pensez à semer des graines d’amour!

Pierrette Chagnon A.P.


2016-11-18

MON RÊVE: ÉCRIVAIN

Pour moi, la carrière idéale, c’est celle d’écrivain. Pourquoi un écrivain ? Parce qu’un écrivain il a son autorité, il n’y a pas quelqu’un qui peut lui montrer ce qu’il doit faire. Quand quelqu’un écrit un roman, il n’y a personne qui lui dit ce qu’il doit écrire, parce que c’est lui son propre maître. L’autre chose, c’est que lorsqu’on est écrivain on s’instruit tout le temps, on s’informe. On peut aussi choisir un horaire selon ce qui nous convient et on participe à la vie culturelle de la société. J’aurais aimé écrire des romans romantiques, mais à portée sociale.  Pour moi, ça serait l’idéal.  Comme ce n’est pas un métier qui est donné à tout le monde, dans la pratique, mon métier de rêve c’est d’être journaliste pigiste.  Ça me permettrait de continuer à m’instruire et de jouer un rôle  important dans la société.

Mosapha, L’Itinéraire (Publié avec autorisation)

2016-10-21

CHOISIR DE S'EN SORTIR

Brigitte, 55 ans, a accepté de livrer son témoignage, pour sentir qu'elle avance malgré tout.

« J'ai été itinérante durant environ 20 ans à cause de la toxicomanie, suite à plusieurs événements.
Issue d'une famille dysfonctionnelle à cause de l'alcoolisme de mon père et d'une mère insécure, situation suivie d'un divorce. J'ai été laissée à moi-même quand j'étais encore jeune. J'ai touché à ma 1re bière alors que j'avais 10 ou 11 ans.  Je fumais aussi. »

Brigitte est passée de Tanguay à Leclerc, elle a connu plusieurs récidives, une pneumonie après avoir été enfermée dans une cellule froide et n'ayant pas droit aux soins médicaux.

Ruth G. directrice de la Société Elisabeth Fry reconnait qu'il y a une croissance de la clientèle féminine à cause de la pauvreté des femmes et des inégalités sociales.

Brigitte est finalement sortie de la prison Leclerc pour entamer sa transition à la Société Elizabeth Fry.  Elle ne nie pas l'importance de la foi qui lui a permis de supporter ses années d'incarcération, notamment grâce à l'écoute de Soeur Marguerite qui visite beaucoup les filles en détention depuis de nombreuses années.

D'année en année, Brigitte dit avoir pris du recul sur sa période de détention.  C'est vrai que mes proches ont vécu avec moi ces années de détention.  Il y a eu une perte de confiance suite à mes rechutes.  Mais rendue où j'en suis, je le sais que je n'y retournerai plus.  J'ai été jusqu'au bout. »

Extraits de la Revue l'Itinéraire, octobre 2016.
(Publié avec autorisation) Thérèse Dr.

2016-09-26

ZOOM SUR LUCIEN

Camelot depuis quatre ans, Lucien est heureux dans ce travail : la vente de l’Itinéraire. Pour lui, l’Itinéraire est un passe-temps qui remplit une fonction sociale importante.

Ayant travaillé toute sa vie, Lucien a toujours été occupé.  En tombant à la retraite, sans être itinérant, il est devenu camelot pour l’Itinéraire qui est, pour lui, un moyen de redonner au suivant, car il aime beaucoup la cause du journal l’Itinéraire.
Lucien n’est pas prêt à regarder le temps passer.

Si vous le croisez, ne manquez pas l’opportunité d’avoir une discussion enrichissante avec un homme plein de sagesse et de bonté.

Jennifer, bénévole à la rédaction.
(Publié avec autorisation)

2016-08-09

Forum social mondial 2016

On ne peut se désintéresser de cet événement qui se tient à Montréal, du 9 au 14 août. 50 000 personnes sont attendues de 120 pays,

C'est la première fois que le FSM s'installe dans un pays du Nord. L'objectif est de donner la parole aux sans voix, aux mouvements sociaux afin de contribuer au changement global, en solidarité avec les peuples de partout sur la planète. Changer le monde commence par se changer soi-même, puis son quartier, sa communauté, sa ville.

Rendez-vous au coeur de Montréal  pour contribuer à cette construction collective d'un monde meilleur. Nous sommes le changement, osons inventer l'avenir.

Un autre monde est nécessaire.  Ensemble il devient possible.

Programmation: www.FSM2016.org (Voir les activités)

Marche d'ouverture, au Parc Lafontaine, aujourd'hui à 17h30
Au Marché Bonsecours, demain : Jeunes et inégalités

L'Itinéraire, 1er août 2016


2016-07-31

35 héroïnes méconnues du Québec

1- Marie Rollet (1580-1649)
À Québec, la première fermière de la colonie, veuve de l'apothicaire Louis Hébert, pratique « l'interculturalisme » de Gérard Bouchard avant l'heure : elle instruit les « Sauvagesses » et les forme... à l'européenne.

2- Jeanne Mance (1606-1673)
Première femme blanche à fouler le sol de Ville-Marie, Jeanne s'associe à Maisonneuve pour fonder Montréal. Elle gère les finances de la colonie et dirige l'Hôtel-Dieu. Pourtant, quatre siècles après sa mort, l'histoire lui refuse toujours le titre de cofondatrice de la métropole.

3- Marie Morin (1649-1730)
Première écrivaine née en Nouvelle-France, elle rédige, en 1697, Les annales de l'Hôtel-Dieu de Montréal. Son récit constitue l'une des sources les plus précieuses sur la vie quotidienne au 17e siècle.

4- Agathe de Saint-Père (1657-1748)
Dans sa manufacture de tissus, la première au Canada, Madame de Repentigny fabrique des toiles pour remplacer le lin et la laine, raréfiés par la crise. Elle commercialise aussi le sirop d'érable.

5- Isabelle Couc-Montour (1667-1752)
Parlant l'algonquin, le huron et l'iroquois, cette fille d'un coureur des bois et d'une Algonquine se fait interprète dans l'Ouest américain. 

6- Louise de Ramezay (1705-1775)
À la mort du gouverneur de Montréal ,Claude de Ramezay, sa fille chausse ses bottes. Elle dirige la scierie familiale qui fournit du bois aux chantiers maritimes de Québec.

7- Marie-Marguerite Duplessis (1718 - ?)
La première esclave à s'adresser aux tribunaux pour réclamer sa liberté se heurte à un mur. Accusée de libertinage par son maître, elle est déportée aux Antilles.

8- Rosalie Cadron-Jetté (1794-1864)
Au 19e siècle, les mères célibataires sont ravalées au rang de putains et celles qui les aident se rendent complices du vice. Défiant la société puritaine, cette sage-femme fonde une maternité, connue sous le nom de La Miséricorde.

9- Suzannah Davis (1796 - ?)
En 1812, cette servante de 16 ans porte plainte pour viol. Au procès, le jury la juge « trop affectueuse » et acquitte son agresseur. Deux cents ans après, à peine 10 % des femmes violées osent l'imiter.

10- Émilie Tavernier-Gamelin (1800-1851)
Après avoir porté secours aux Patriotes arrêtés durant la rébellion, cette veuve fortunée ouvre à Montréal le premier refuge réservé aux femmes âgées et démunies.

11- Hortense Globensky (1804-1873)
Elle harangue la foule au nom du parti tory et repousse les 50 Patriotes venus saccager sa maison. Après la bataille de Saint-Eustache, nullement revancharde, elle obtient des autorités la libération de ses concitoyens patriotes emprisonnés.

12- Dorimène Desjardins (1858-1932)
La femme derrière les caisses pop, c'est elle. Pendant que son mari, Alphonse Desjardins, travaille comme traducteur à Ottawa, elle reçoit les dépôts dans sa cuisine .elle consent des prêts de la première caisse, fondée à Lévis en 1900.

13- Henriette Dessaules (1860-1954)
À Saint-Hyacinthe, les Mascoutains se battent en vain pour sauver la maison natale de la première femme journaliste du Québec, qui, dès 1910, signe des lettres dans Le Devoir sous le pseudonyme de Fadette.

14- Joséphine Marchand-Dandurand (1861-1925)
En 1893, elle fonde Le Coin du feu, premier magazine féminin, dans le but avoué d'éduquer les femmes.
«Comme monsieur son mari, qui a son club, sa pipe, ses gazettes, madame aura aussi, et ce ne sera que justice, son journal à elle», écrit-elle.

15- Carrie Derick (1862-1941)
Après un parcours semé d'embûches, elle devient, en 1912, la première femme à enseigner à l'Université McGill. Généticienne, elle voit ses travaux sur l'hérédité lui assurer une notoriété internationale.

16- Maude Abbott (1869-1940)
Refusée par l'Université McGill, elle obtient son diplôme de médecin à l'Université Bishop's, mais ne sera jamais autorisée à pratiquer. Et pourtant, ses recherches sur les maladies cardio-vasculaires congénitales l'ont rendue célèbre dans le monde.

17- Éva Circé-Côté (1871-1949)
Ses contemporains ignorent que le libre-penseur qui, dans les journaux, dénonce la corruption municipale, prêche la tolérance envers la prostitution et réclame l'équité salariale est une femme.

18- Émilie Fortin-Tremblay (1872-1949)
Partie vers le Klondike comme chercheuse d'or, cette native du Lac-Saint-Jean installe ses pénates au Yukon, où elle est à la fois commerçante, infirmière et sage-femme. À Whitehorse, la première école francophone du Grand Nord porte son nom.

19- Idola Saint-Jean (1880-1945)
En 1930, cette féministe ose présenter sa candidature aux élections fédérales. Battue, elle poursuivra néanmoins sa lutte jusqu'à ce que les Québécoises obtiennent le droit de vote, en 1940.

20- Pauline Donalda (1882-1970)
Cantatrice d'origine juive, elle chante à Paris, Londres et Moscou avec les grandes voix d'opéra de l'époque, dont Caruso. Rentrée au pays, elle fonde, en 1941, l'Opera Guild, qui met Montréal sur la scène du monde de l'opéra.

21- Ida Steinberg (1885-1942)
À 26 ans, cette mère chef de famille d'origine hongroise ouvre sur la « Main », à Montréal, la première épicerie Steinberg. Son fils Sam transformera l'entreprise en un empire de 115 supermarchés.

22- Angélina Berthiaume-Du Tremblay (1886-1976)
Phénomène rare, une femme dirige le quotidien La Presse durant les années 1950, avant de démissionner avec fracas pour fonder Le Nouveau Journal, avec le journaliste Jean-Louis Gagnon.

23- Juliette Béliveau (1889-1975)
Les anciens se souviendront d'une minuscule actrice qui pétait le feu dans les vaudevilles aux côtés d'Olivier Guimond. On sait moins qu'elle inspira à Gratien Gélinas son Ti-Coq.

24- Germaine Guèvremont (1893-1968) 
Le métier d'écrivain, elle l'apprend de son cousin Claude-Henri Grignon. Mais c'est le poète Alfred Desrochers qui lui sert de mentor au moment d'écrire Le Survenant. Reçu froidement lors de sa publication, ce roman connaît un succès monstre dans sa version télévisée.

25- Imelda Dallaire (1902-1989)
Une bâtisseuse, cette soeur augustine qui, en plus de diriger l'Hôtel-Dieu de Chicoutimi, a fondé l'Hôpital de Jonquière, puis celui de Dolbeau, avant d'aller en ouvrir un troisième à Tripoli, au Liban.

26- Léa Roback (1903-2000)
Ni l'intimidation des patrons ni les menaces du clergé n'arrêtent cette syndicaliste, qui obtient, en 1936, le premier contrat de travail des ouvrières du vêtement.

27- Emma Gendron (1904-1952)
Après avoir étudié le cinéma à New York dans les années 1920, elle signe les scénarios de deux des trois premiers films de fiction québécois, Madeleine de Verchères et La drogue fatale.

28- Jehane Benoît (1904-1987)
Bien avant les Pinard et les di Stasio, elle a initié les ménagères des années 1950 et 1960 à l'art culinaire. Son Encyclopédie de la cuisine canadienne fait autorité dans tous les foyers.

29- Jean Despréz (1906-1965)
Laurette Larocque-Auger écrit sous un nom masculin ses téléromans, mettant en scène des femmes en quête de liberté. Polémiste passionnée, cette « femme-dynamo » a ouvert la voie aux Janette Bertrand d'aujourd'hui.

30- Dorothea Palmer (1908-1992)
En 1936, cette infirmière de 28 ans est arrêtée à Ottawa pour avoir offert des condoms et une brochure sur les méthodes contraceptives à des mères de famille canadiennes-françaises. Elle sera acquittée, mais il faudra attendre 30 ans avant la légalisation de la contraception.

31- Réjane Laberge-Colas (1923-2009)
Première femme nommée juge à la Cour supérieure du Canada, cette pionnière préside aux destinées de la Fédération des femmes du Québec, qu'elle a fondée pour lutter contre la discrimination et les inégalités à l'égard des femmes.

32- Ludmilla Chiriaeff (1924-1996)
Fondatrice, en 1958, des Grands Ballets Canadiens, la ballerine d'origine allemande a formé plusieurs générations de danseurs, au grand dam de l'Église, qui jugeait le ballet... immoral.

33- Marie-Andrée Bertrand (1925-2011)
Ses travaux sur le traitement pénal discriminatoire des femmes dans le monde lui valent de figurer, en 1994, sur la liste des candidats au prix Nobel de la paix.

34- Jeannine Guillevin Wood (1929-2009)
Il faudra attendre jusqu'en 1997 pour qu'une femme soit nommée présidente du conseil d'administration d'une grande banque canadienne, la Laurentienne.

35- Micheline Beauchemin (1929-2009)
Célébrée pour ses tapisseries monumentales mariant les fibres naturelles et les fils métalliques, elle a longtemps été boudée par le milieu des beaux-arts, qui qualifiait de pauvre ses pièces d'artisanat.
... et de multiples autres femmes remarquables et dévouées mais discrètement et anonymement...
dont vous-même, peut-être... 

2016-06-21

AUX FUNÉRAILLES DE ROSE-MARIE


 CHOISIE POUR SERVIR  (Matthieu 25, 31-45)

Rose-Marie était une femme consacrée au service des autres et de l'Autre.  Maurice Zundel, mystique du siècle dernier que Rose-Marie aimait beaucoup, ne cessait de redire qu'au centre de sa toile, Dieu inscrivit cette prodigieuse équation: l'humain=Dieu.  Femme qui était de l'étoffe de Dieu, elle l'a revêtue toute sa vie, elle a signé de sa vie le legs testamentaire de Jésus au soir du Jeudi Saint: celui du service par en bas représenté par l'abaissement et le lavement des pieds et celui du service par en haut  en le servant dans son Eucharistie quotidienne. Elle est demeurée, même aux heures de grandes souffrances devant le vécu humain, devant les atrocités des comportements de destruction que nous observons, en tenue  de service, en tenue de foi.

L'évangile de Matthieu  photographie bien ce que fut sa vie. Rose-Marie ne refusait jamais rien, ne s'arrêtait jamais. On pouvait lui demander n'importe quand, n'importe quel service. Sa joie était grande de faire naître à la foi les enfants qu'elle accompagnait dans leur confirmation, leur communion, leur première confession. Elle prit aussi au sérieux ce qu'écrit l'apôtre Matthieu. « J'étais malade, et vous m'avez visité, pauvre, et vous m'avez vêtu. »    Sa manière de vivre était signée JÉSUS VENU POUR SERVIR.  Son service a mis au monde beaucoup de personnes. Rose-Marie vient de signer de sa vie ce que disait cet enfant. ‘’ Elle vient de donner, de nous donner ce qu’il lui restait à donner : sa vie. ‘’

Elle vient de faire don de sa vie au Dieu de sa foi. Elle  vient de passer de ce monde à son Père. Elle connait maintenant la grâce des grâces, le bonheur des bonheurs : une vie sans souffrance, une vie de plénitude. Telle est notre foi. Telle était sa foi. Comme Marie, elle s'est fait visitation. Sur la route, elle n'a jamais perdu son enthousiasme, sa fougue, son empressement à s'offrir, à prendre les devants.

Cette vie vécue en état de service, en état de course pour dépanner, toujours avec joie, s’est transformée ces dernières années en une vie offrande de sa souffrance,  de plus en plus pénétrante, insupportable aussi. Dieu voulait qu’elle termine sa vie dans son sacerdoce.

Rose-Marie vient d’entrer dans cet « espace neuf »- peu importe où, mais « neuf » - dans cette espèce de vie nouvelle, disent les Pères de l’Église, que sa foi lui assurait de rejoindre. Elle vient de changer d’adresse, de citoyenneté. Elle devient citoyenne du ciel,  membre de la famille de Dieu (Ep. 2, 20).

Que ce soit au moment où la maladie faisait son œuvre, elle offrait son aide aux plus démunis en rédigeant plus de 130 rapports d'impôt. Que ce soit par sa disponibilité à s'occuper du service d'accompagnement, que ce soit  sa fougue à montrer aux enfants la beauté de Dieu, que ce soit en offrant son temps au bazar, ou sa voix chantante pour élever les cœurs à la prière, elle n'était que service. Elle n'était que compassion. Elle préférait trébucher plutôt que de ne rien faire. Cette terre pour Rose-Marie n'était pas pour demain, ni après demain, ni pour dans dix ans, mais pour aujourd'hui.

Loin de moi de la canoniser. Elle avait des us et coutumes étonnants. Un matin alors que je visitais Léo, j’ai accepté un café. En lui demandant un peu de lait, j'entends cette réponse : Rose-Marie ne veut pas que j'ouvre son frigidaire.  Léo devra maintenant non seulement ouvrir le frigo, mais apprendre à se faire à manger. Elle avait des mains pour servir, un cœur pour aimer. Rencontrée à l'hôpital quelques semaines avant sa mort, elle me disait que cela la tenait en vie. Cette manière de vivre donne du poids de sens, du poids d'être à toute existence.  Nous devenons humains en servant. Elle n'était pas,  comme l'exprime le pape François, une chrétienne empesée, repliée sur elle-même, ratatinée.

Mais qu'est-ce que servir ? Pour elle, c'était plus que de faire quelque chose, que d'agir. Pour elle, servir était son être profond. C'était son ADN, sa marque de commerce. Elle nous lègue ceci: tout chrétien est comme un livre ouvert dans lequel les jeunes générations peuvent trouver de précieuses indications pour avancer dans la vie. Rose-Marie, ta communauté chrétienne te dit MERCI parce qu'elle a reconnu Jésus en toi.

 Rose-Marie, ton époux Léo que tu aimais,  tes enfants, Guylaine, Jocelyn, Dominique te disent  malgré leurs douleurs et leur conviction que ta mort n'est pas une vraie mort, que la vie n'est pas détruite, mais transformée : maintenant laisse-toi servir par Celui que tu as tellement servi. Pars en paix, entre dans la joie de ton maître et viens t'asseoir à la table de l'Eucharistie sans fin. Pour cette vie qui s'achève: MAGNIFICAT.  AMEN.

Gérald Chaput, Valleyfield
(Publié par Th.Dr.)

2016-06-09

OPINION D’UN CONCIERGE

Un article du Journal Métro du 7 mai 2016,  rapporte les paroles de M. le Maire Denis Coderre qui a comme projet de demander au Pape François de venir à Montréal, pour les Fêtes du 375e anniversaire de fondation de Montréal :  « Ça avance très bien, les démarches vont bon train. On continue à avoir de la correspondance », dit M. Coderre. Le Maire dit aussi avoir des échanges à ce sujet avec les Évêques du Canada, avec plusieurs cardinaux, en plus d’avoir l’appui des gouvernements du Québec et du Canada. Il a  récemment transmis d’autres documents à l’appui de sa demande au Vatican.

Un concierge,  rencontré devant le monument d’Émilie Gamelin, rue Ste-Catherine, Montréal, est d’avis que le Pape François ne viendra pas à Montréal, parce que M. le Maire Coderre ne veut pas ‘montrer’ les pauvres de Montréal, alors que le Pape marche avec eux sur la rue, à Rome.

En effet, le pape François passe à l'acte et montre l'exemple. Ainsi, à en croire le Daily Mail, le souverain pontife se serait déjà échappé des ors du Vatican, la nuit, afin d'aller prêter assistance aux sans-abris de Rome. C'est en tout cas ce qu'a révélé, lors d'une conférence de presse,  Monseigneur Konrad Krajewski, l'aumônier apostolique chargé des bonnes œuvres du Pape François.

Après la visite guidée de la chapelle Sixtine, fin mars, voici que maintenant les sans-abri, les migrants et les pauvres ont assisté, au premier rang, au  concert de bienfaisance du Pape, le 14 mai dernier, dans la prestigieuse salle Paul VI ! Les hôtes illustres, qui ont occupé les places d’honneur aux premiers rangs, normalement réservées aux personnalités, ont donc été… les pauvres de Rome, a annoncé Mgr Ravelli.

 (Notes cueillies dans Newsletters, Vatican)


2016-05-24

L’HISTOIRE DE TRACY

Née à Montréal d’une mère colombienne et d’un père québécois, Tracy  commence un bac en psychologie, même si elle sait que le parcours est long avant de pouvoir exercer le métier de psychologue. Après deux ans de cours, elle fait un voyage de coopération internationale au Pérou qui la transforme.

A son retour, elle se réoriente et tente de trouver sa voie dans divers  domaines, de bouger et de faire des tâches pratiques, plutôt qu'apprendre des  notions théoriques.  Voyageuse dans l‘âme, Tracy n'était pas bien dans ce petit bureau sans fenêtre.  Aujourd’hui, elle a trouvé l’équilibre qui lui permet d’allier son bagage en intervention sociale et le travail physique. « j’étais en train de devenir folle ! Maintenant je suis dehors à jardiner avec des enfants, des personnes âgées, des adultes.

Elle a diminué son salaire, ses heures de travail et son stress : « Je  faisais des 40 heures semaine à 22 $ l'heure, avec le désir de toujours en faire plus. Maintenant, je fais 28 heures à 16$ puis je suis plus heureuse que lorsque j'avais plus d'argent. »

L’intelligence du cœur

Tracy a usé de l’intelligence du cœur et se dit plus heureuse et plus libre de vivre à petite échelle ; elle a fait un choix libre et assumé. Ne sentant plus le stress financier, elle mise sur ses réseaux de relations humaines et un mode de vie sans dettes.  Elle choisit ce qui lui convient le mieux en renonçant aux joies éphémères à crédit afin de garder sa liberté.

Lu dans la revue L’ITINÉRAIRE (publié avec autorisation par Thérèse Dr.

2016-02-28

DU RESSORT POUR CONTINUER

La vie n’est pas toujours faite de petits riens, il y a aussi des misères, petites ou grandes.  La vie peut s’acharner et les vents peuvent se faire violents, nous avons à montrer à la vie qui est le plus fort, même si parfois le courage diminue.  Cette mise à l’épreuve nous donne du fil à retordre, mais au bout du compte, elle nous donne du ressort pour poursuivre notre parcours de vie.

Il existe des individus qui ont pour motif de vouloir toucher à tout prix le ciel et se rapprocher des étoiles pour les décrocher une à une comme des victoires sur la vie. Parfois le simple fait d’être en vie est déjà la plus grande victoire .

On entend souvent dire par les plus inspirants de ce monde qu’il faut rêver grand, espérer le meilleur, viser l’excellence, ne jamais se contenter de peu et ne jamais abandonner.  Facile à dire mais difficile à faire quand le ventre crie sa faim, que le cœur vaillant n’a plus l’essentiel pour battre aussi fort qu’avant et que la dignité ne peut plus exercer son plein contrôle.

Faire quelque chose de grand pour les autres ou poser un tout petit geste, donner, surtout se relever.  La résilience fait office de bouclier devant l’adversité qui se dresse comme un mur.

Extraits de l’Itinéraire : Josélito Michaud
(Publié avec autorisation)

Émilie Gamelin était doué de cette force, de cette résilience pour se relever avec grand courage, et de continuer dans l'humilité et dans l'espérance.
Th. Dr.