2009-12-22

JE CONNAIS LA VALEUR DE L’ARGENT


Dany a connu l’adversité de la vie : « Je sais ce que c’est que de vivre la déchéance sociale qui conduit à l’exclusion. Quand j’avais 10 ans, on a fait faillite, je passais le journal pour payer mes vêtements. Je n’oublierai jamais le soir où un représentant d’Hydro est venu couper l’électricité et n’a même pas voulu laisser le temps à ma mère de finir son souper pour nourrir la famille, dans la cour de l’école on m’appelait ‘faillite’, ça m’a marqué. Mes amis disent de moi que je suis cheap parce que je ne suis pas dépensier et que je fais rarement des folies. Je suis très sensible aux exclus, c’est pourquoi chaque fois que je peux faire un petit quelque chose, ne serait-ce qu’un sourire ou une conversation, à quelqu’un qui me tend la main dans la rue, je le fais. »

Dany T. (Revue de presse, ATD Quart Monde)

2009-12-15

LE COURAGE DE S’EN SORTIR

Yvon, un camelot pour un journal de rue, traîne un long passé de gambler derrière lui. Après 25 ans à jouer aux courses, il est déterminé à s’en sortir. Yvon a réussi à se détacher de sa dépendance au jeu et à reprendre goût à la vie, il voit désormais la vie d’un œil nouveau.

« En vendant le journal sur la rue j’ai été amené à rencontrer des gens, des familles, des enfants, ça m’a fait réaliser qu’il existait autre chose que les courses de chevaux, que mon besoin d’argent avait remplacé l’amour des chevaux. En attendant les clients, je réfléchis intensément à ma vie et le choix est devenu clair. Pour la 1re fois, j’ai décidé de changer de vie et de faire quelque chose pour moi, j’arrête d’agir pour avoir l’approbation des autres .»

Jérôme et Martine (L’Itinéraire)

2009-11-19

D'UN ACCIDENT À UN P'TIT DEUX

Dans la compagnie de meubles où je travaillais, j'ai perdu 3 doigts. Après cet événement, je me sentais dépressif, je n'avais plus d'énergie pour rien faire. Puis j'ai connu un Journal de rue où je pouvais rendre service en le vendant au coin d'une rue.

J'ai eu l'idée un jour de montrer ma main handicapée où il ne restait que deux doigts, le pouce et le petit doigt: 'Un p'tit deux pour les itinérants Madame'. Ça fait rire les gens.

Aujourd'hui, je remercie le Bon Dieu d'avoir eu cet accident. Grâce à çà, je ne travaille plus dans les shops, enfermé malgré moi dans ces endroits sans fenêtres.

Durant 30 ans, j'ai travaillé fort dans des compagnies de bois et de bureau. Maintenant, je m'amuse beaucoup, je me sens plus libre.

Germain G. (L'Itinaire)

2009-11-07

HUMORISTE DE RUE

En traversant les épreuves du divorce, de la dépression, de la consommation de drogue et de l’itinérance, le camelot de 54 ans considère qu’il a appris à vivre. «Avant je pensais juste au matériel, un gros char, une grosse maison, sans le savoir l’essentiel me manquait : le respect et l’amour, apprécier le moment présent, prendre le temps de parler au monde.»

La vie de Michel commence par la mort de sa mère à sa naissance. Il est adopté par une tante et son mari. Ses parents adoptifs l’aiment beaucoup. Il fréquente l’école, devient premier de classe. Plus tard il se marie, divorce, se remarie, divorce de nouveau. Il connaît une dépression fatale. Il déménage en ville, devient une proie facile pour les vendeurs de drogue. Il est empoisonné par une drogue dure et doit être hospitalisé. Quand il en sort, il cesse toute consommation et commence à vendre un journal de rue. Il fait rire les gens. « J’ai découvert que j’avais une force incroyable. Aujourd’hui mon plus grand bonheur est de passer du temps avec ma fille qui trouve que je suis un meilleur père que lorsqu’elle était petite. »

Michel D. (L’Itinéraire)

2009-09-17

A la rencontre du Dieu Providence

« Elle partit donc et fit comme Elie le lui avait dit, et pendant longtemps ils eurent à manger, lui et elle et le fils» (1 R 17, 15) Dans cette parole de l’Ecriture, Dieu vient en aide à une veuve à la demande du prophète.

Aujourd’hui encore nous avons besoin de la Providence du Seigneur.
Ce fut pour nous une grâce de le laisser agir dans notre vie. Pourtant, nous l’avons réalisé, vivre de Providence ne se fait pas sans effort de notre part…
Notre premier pas avec la Providence s’est manifesté par un choix :
celui d’éduquer nos enfants en ayant un parent à la maison jusqu’à leur entrée à l’école.
En conséquence, nous avons décidé de vivre avec les aléas d’un salaire unique pour la famille. Nous avons donc appris à vivre en fonction de nos besoins réels afin d’éviter d’embarquer dans la spirale de la consommation.
Ensuite, nous avons adopté une attitude d’ouverture et d’accueil envers les petits gestes de charité offerts. Finalement, nous avons choisi d’abandonner nos désirs au Seigneur par la prière, démarche essentielle mais si facile à oublier….
A deux reprise, Jean-Yves a perdu son emploi et ces congédiements coïncidaient avec les deux premières grossesses de Josiane.
La première fois, c’est seulement quelques jours après la naissance de Christophe, après six mois de recherches, que le téléphone a sonné pour une offre d’emploi.
La Providence s’est manifestée puisque cette situation nous a permis d’acheter une maison pour élever notre nouvelle famille.
La deuxième fois, après encore plusieurs mois de recherches, toutes les portes semblaient fermées. Jean-Yves a prié un «Gloire au Père» et a décidé de rester à la maison pour accompagner Josiane dans les dernières semaines de sa grossesse. A 17h00, le soir même, le téléphone a sonné à nouveau…
Ces deux exemples ne sont pas les seuls que nous ayons vécus.
La Providence se manifeste surtout dans les petits événements du quotidien : don de vêtements, aide pour faire de menus travaux à la maison… Cependant, dans notre joie d’accueillir cette simple Providence, le Seigneur nous a donné la grâce d’en vivre des expériences plus grandes.
Nous remarquons souvent que notre joie interpelle ceux qui nous offrent de l’aide. On nous dit : «C’est facile de vous donner, ça vous fait toujours plaisir!»
Pourtant, l’abandon à la Providence n’est pas un laisser-aller. Nous devons faire notre bout de chemin. …C’est à travers cette manière de vivre avec la Providence que nous sommes en mesure de faire la volonté de Dieu. Quelle joie pour nous d’en rendre témoignage!
Josiane Dupont et Jean-Yves Lavoie
(extrait de la revue Le Nic, janvier 2009)

2009-09-14

LA SOUFFRANCE DES AUTRES

Ma voisine a perdu son fils de 16 ans. Une balle dans la tête a eu raison de ce jeune en proie à la détresse. Chaque matin, je la vois prendre sa voiture et la vie continue… Hier elle est passée devant chez nous, le visage hagard, l’esprit absent. Ma conjointe a pu lui glisser un mot à l’oreille. En de pareilles circonstances que dire à une mère dévastée par le chagrin ? La vie ne fournit aucune réponse satisfaisante, seule l’interrogation pèse et mord dans la chair! J’aimerais la prendre dans mes bras avec compassion et prendre sur moi un peu de sa douleur.

La souffrance des autres et la nôtre jouent un rôle important dans une humanité faite pour le progrès, telle une main tendue, un regard rieur, une parole pour embrasser, des membres pour danser, des yeux qui regardent le soleil briller. Là où règne la souffrance, puissions-nous y jeter un peu d’harmonie; là où règne la souffrance des autres, puissions-nous laisser notre cœur frémir de compassion; c’est là que se trouve la réponse à toutes nos questions.

Sylvain-Alex L.
(Revue franciscaine)

2009-09-13

EN FLAGRANT DÉLIT DE MISÉRICORDE

Jean est entré à la prison de Bordeaux, Montréal, en 1969, il y est resté plus de 30 ans. Son crime? Avoir cru à la parole de Jésus : « J’étais en prison et vous êtes venu jusqu’à moi ». Il a choisi d’être prêtre et il est devenu aumônier de prison.

Au milieu des détenus, Jean représente le monde spirituel avec une sorte d’influence morale. Les gars sont portés à parler eux-mêmes de religion, souvent pour confier leur détresse, leur souffrance, leur questionnement. Parfois ils disent qu’ils ne prient pas, mais tous les soirs ils LUI parlent avant de se coucher, parce que prier pour eux c’est réciter des formules. Pour Jean, ce sont des pauvres qui ont un immense besoin de miséricorde. Célébrer la messe en prison donne tout son sens au mot ‘miséricorde’, ils sont disponibles à accueillir ce message.

Le plus important c’est de garder le lien, dit-il, même quand on condamne ce qu’une personne peut faire. Notre Seigneur se tenait avec des gens tout croches, ne les jugeait pas, ne les condamnait pas.

Jean s’occupe aujourd’hui de Oasis Liberté, un lieu de rencontre pour ex-détenus qui veulent poursuivre un cheminement spirituel.

(Extrait de Le Nic, septembre 2006)

2009-09-11

Voici un court témoignage qui m'a fait prendre conscience qu'une situation difficile peut souvent nous amener à décupler nos énergies pour aider les autres.
Après avoir perdu mon emploi comme aide-bibliothécaire à Montréal à la suite d'une surmédicalisation liée à la maniaco-dépression et à de fortes angoisses, je n'étais plus fonctionnel. Mon état physique aurait dû me donner droit à l'assurance-salaire prévue par mon assureur, mais mon employeur et mon médecin ont précipité mon retour au travail une semaine seulement après ma sortie de l'hôpital psychiatrique. J'ai été congédié peu après et j'ai pu dire bye-bye à l'assurance-salaire.
Je me suis alors senti démuni et sans recours. C'est la raison pour laquelle je me suis impliqué dans Action Autonomie afin de défendre d'autres personnes subissant le même sort. Cet organisme peut vous aider et m'aurait certainement été d'un grand secours.
Continuez à nous encourager, les camelots' car notre état de santé est souvent précaire.
Benoît
(Itinéraire, 15 mai 2009)

2009-06-25

DES GENS DE LA RUE à l'hôpital
Un jour, un type que je connais et qui est pauvre est entré à l'urgence d'un hôpital pour y subir un lavement d'estomac, il est connu des membres de l'hôpital et on ne lui a pas offert les services qu'il était en droit de recevoir.
Il y a quelques mois, j'y suis allé moi-même pour une prise de sang et on ne m'a pas désinfecté avant de me piquer.
J'ai l'impression que certaines personnes, parmi le personnel des hôpitaux, continuent à entretenir des préjugés à l'endroit des pauvres, des assistés sociaux, des gens de la rue, car ils n'ont souvent plus de famille, donc personne, aucun témoin pour les défendre si l'hôpital ne les soigne pas comme elle le devrait.
Mon ami aurait dû susciter plus de compassion de la part du personnel hospitalier. Moi aussi j'ai été mal reçu à plusieurs reprises.
Si des médecins, des innfirmières, des techniciens de laboratoire me lisent, j'espère qu'ils prendront ce message au sérieux.
Jacques (Revue l'Itinéraire)

2009-06-17

FALLAIT-IL QUE JE DEVIENNE SOURDE POUR ENTENDRE?

Titre du volume écrit par A.Paquin.

En débutant l'écriture de ce livre, il n'était qu'une bouée de sauvetage, dans l'espoir qu'avec un effort constant je garderais mon équilibre intérieur, car à l'extérieur, il était absent à cause de ma surdité. Par ce moyen, je croyais faire le vide, oublier, mais le contraire s'est alors produit. Ce temps de silence et ces écrits m'ont plongée dans un face-à-face avec moi-même et je me suis retrouvée dans des zones insoupçonnées, des facettes inconnues jusqu'à ce jour, comme devant un miroir qui reflète trop bien nos états d'âme.

La recherche d'un sens à ma vie comme à tâtons, à travers des questionnements sans réponses. Mes cris se sont orientés vers d'autres attentes. J'ai trouvé un sens à la souffrance qui m'habitait, mais sans pour autant qu'elle en soit allégée. J'ai connu un moment de grâce, et c'est à travers un regard de foi que j'ai pu laisser un Autre prendre place dans mon silence. Cet Autre a pris la gouverne de ma vie. Un sentiment de confiance a commencé à germer, une espèce d'abandon a pu naître en moi, celui de l'enfant qui s'émerveille. Et une certaine paix s'est établie.

2009-06-12

DUR DE VIVRE DANS LA RUE

Bonjour ! Mon nom est Ghislain et je suis camelot pour un journal de rue. Pendant 10 ans, j’ai travaillé à mon compte dans l’entretien ménager, mais j’ai tout perdu à cause de la récession.

Je me suis retrouvé à la rue et je dors dans la rue. C’est dur pour mon orgueil, car avant de tout perdre, j’avais tout : ma maison, ma compagnie. Je ne manquais jamais d’argent.

Maintenant je n’ai plus rien et je me retrouve sans le sou. Je ne veux pas recevoir d’aide sociale, je me cherche donc un travail. Cependant, quand je dis aux employeurs que je dors dans la rue, ils ont des réticences; c’est difficile de me trouver un emploi et sans emploi, pas de logement. Je me trouve dans un cercle vicieux.

J’essaie de survivre en vendant un journal de rue et j’aime ça, car je suis en contact avec le public et j’aime voir du monde.

Je garde espoir et je confie ma vie à mon Dieu d’amour. Je vous souhaite une bonne journée.

(Du journal l’Itinéraire, mai 2009)

2009-06-07

JACQUELINE: LA LONGÉVITÉ D'UNE BÉNÉVOLE

Jacqueline, une charmante octogénaire, donne son temps à l'accueil de la Maison du Père depuis 32 ans. Au cours des années, Jacqueline a occupé plusieurs fonctions, notamment à l'accueil et à la cuisine. A ses débuts, les moyens de l'organisme étaient rudimentaires. Au-delà de tout, ce qui a incité Jacqueline à poursuivre son bénévolat à la Maison du Père, c'est la relation humaine qu'elle a développée au fil du temps avec les itinérants. "Je ne les juge pas, je les accepte tels qu'ils sont. J'en rencontre de tous les milieux, des-ex-prisonniers jusqu'à des ex-avocats ou des ex-médecins. Ils ont souvent un grand besoin de parler et je les écoute", explique-t-elle. Jacqueline déplore l'indifférence de certaines personnes face au phénomène grandissant de l'itinérance. "Il faut les aimer tels qu'ils sont et sans condition, sinon rien n'est possible!" Cette lumineuse bénévole n'est certainement pas prête à abandonner les plus démunis: " La Maison du Père, c'est mon université. J'y ai beaucoup appris sur moi-même, sur les êtres humains et j'y apprends toujours", confie-t-elle.
(Journal l'Itinéraire)

2009-06-04

Un droit au cri

La maladie comporte son lot d'inconvénients et d'inquiétudes: autant
pour la personne atteinte que pour ses proches, il n'est pas toujours
facile d'affronter la situation. Lors d'un échange entre personnes
mala­des dans un établissement de santé, Raymonde raconte:
«J'ai l'impression que les gens ont parfois peur de nous visiter,
qu'ils nous fuient, et ça fait mal.» Claude ajoute: «C'est sûr que si c'est
pour être seulement pris en pitié, ce n'est pas ça qui va me re­monter
le moral!»
Une autre avance l'hypothèse: «Peut-être se sentent-ils aussi
impuissants que nous dans ce qui nous arrive, peut-être ont-ils
peur de ce que cela peut éveiller en eux!» Il est fort
possible que nos peurs soient liées à nos propres blessures.
Elles peuvent nous hanter comme elles peuvent devenir une
chance d'épanouissement et une occasion de rencontre authentique
avec Dieu.

Et si Dieu était à la fois inutile et essentiel ! Et si cette guérison prenait
une forme inattendue, et si cette guérison touchait mes profondeurs…
Charles, lui, reçoit de nombreuses visites de parents et amis :
« Moi, ils me prennent comme je suis, ils sont juste là. Ils sont
contents de me voir et moi aussi. » Ëtre là, juste là avoir le goût
de la rencontre avec l’autre. Pas de scénario préparatoire à se faire,
plus besoin d’empêcher l’autre de pleurer, ou de se retenir de rire,
seulement être présent et laisser aller la vie… voilà un contrat à la fois
simple et exigeant, puisqu’il demande un un accueil de ce qui se vit
et une présence à l’autre.
Alain Dompierre

2009-05-22

Vivre à l'Arche!

L’environnement familial des communautés de l'Arche permet aux personnes ayant une déficience intellectuelle de créer un foyer, de développer leurs talents, de construire des amitiés ou, tout simplement de profiter pleinement de la vie. Les personnes ayant une déficience intellectuelle peuvent nous surprendre. Il est d'ailleurs fréquent que leur sensibilité et leur ouverture enrichissent et rassemblent les personnes qu'elles côtoient. En voici un exemple:

"En vieillissant, je réalise que le fait d'avoir vécu avec des personnes ayant un handicap de développement a eu une influence profonde et fondamentale sur ma façon de vivre l'Évangile.

Le message est simple mais en même temps dificile à vivre et à intégrer dans mes relations avec les autres. J'ai la chance d'avoir eu tant de guides.

Ce message est simple, c'est que chacun d'entre nous est fondamentalement aimé de Dieu, que chacun d'entre nous est profondément aimable, que nous sommes les bien-aimés de Dieu, c'est la vérité de l'être chrétien. Rien ne changera cette réalité.

J'ai découvert et je continue à découvrir cette vérité chaque jour quand je suis accueilli et célébré les bras ouverts par des personnes que l'on considère brisées, limitées et vulnérables."

Raphaël, L'Arche, Ottawa.

2009-04-10

METTRE FIN À LA PAUVRETÉ

Le Père Joseph Wresinski, fondateur du Mouvement ATD Quart Monde, disait à un groupe de personnes: "Refusez la fatalité de la misère". Des personnes résistent courageusement contre la pauvreté, qui ne baisent pas les bras. Parlons de Dany. Aujourd'hui dans la trentaine, il subit toujours les conséquences du décrochage scolaire dans son enfance. Il ne maîtrise pas bien la lecture et l'écriture, il a quand même réussi à publier une article dans journal local de jeunes. A partir de son expérience personnel, il exhorte les jeunes à s'accrocher. Il conclut son article: "J'aimerais encourager les jeunes à ne pas démissionner, malgré leurs difficultés, à ne pas décrocher, mais plutôt à s'accrocher afin de réussir leur vie, car mon expérience à moi fut pénible et je dois me battre encore afin de trouver ma place." Bonne chance dans la vie!
(Extrait de Actualités Quart Monde)

2009-04-07

ÉRIC, PLUS QU’IDOLE

Par son talent et ses chansons, Éric est un baume au cœur des personnes exclues qui vivent des drames dans leur vie et sont jugés négativement dans leur entourage. Éric c’est quelqu’un qui sait par quoi les gens de la rue peuvent passer. Il montre que sombrer dans une dépendance ce n’est pas un manque de talent, de déficience mentale, de pauvreté. Il y a quelque chose de très difficile à surmonter et qui demande des années d’efforts pour vaincre une dépendance, un mal de vivre, un manque d’amour de soi.

Le chemin à parcourir est tortueux, rempli d’embûches, d’occasions de rechutes ou de découragement. Mais le retour à la santé et à la vie normale peut aussi arriver à tout moment, parfois quand on s’y attend le moins. Bon courage Éric et tous les autres !

Serge L. (L’Itinéraire)

2009-03-26

NICOLAS dans la rue

J’ai rencontré Nicolas un de ces jours qui annoncent une période difficile pour les itinérants. Il était assis sur le trottoir.

Jeune, beau, il me demande : avez-vous 1 sou, juste 1 sou ?
J’ai tiré 1 $ de mon sac à main. Je me suis éloignée, incapable de gérer mes pensées : préjugés envers les itinérants, envers tous ceux qui leur donnent et qui contribuent à augmenter leur nombre en encourageant la paresse.

Après quelques minutes, surprise moi-même, je fais demi-tour, mon Cupidon venait de toucher mon âme. Je me retrouve assise avec Nicolas aux pieds de la foule. Il m’accueille chaleureusement, sans étonnement, nous parlons une bonne demi-heure, Il me raconte une enfance de difficultés d’intégration scolaire et sociale. Banni de l’école secondaire, mis à la porte par ses parents, il vit dans la rue depuis un an et demi.

En retournant chez moi, je me fais aborder par un autre qui m’offre le journal des itinérants. Je tire un autre dollar de mon sac à main et explique que j’ai lu le journal mais que je veux contribuer à son emploi. Il me répond d’une voix douce : « Madame, gardez votre dollar, il vous servira à acheter un café. Moi, je ne veux que vendre mon journal, je ne quête pas. »

Bien oui, me dis-je en m'en allant; j’ai compris, la dignité fait partie du menu affectif des gens de la rue, vendre le journal c’est un travail, ils ne demandent pas la charité. Quelle leçon !

Jeannine B. (lu dans l’Itinéraire)

2009-03-24

UN ÉLECTROCHOC DU CŒUR

Malgré mes 10 ans d’expérience, j’étais terrorisé à l’idée d’enseigner la religion à un groupe de filles de 15-16 ans, une matière bien ‘secondaire’ pour elles. Nous étions en période d’été.

Pendant mes vacances en Gaspésie, j’ai relu quelques programmes utilisés dans d’autres écoles secondaires, le défi n’était pas moins grand. Je me suis donc fait un programme ambitieux. Pas de bourrage de crâne, mais un électrochoc du cœur et de l’esprit : faire rencontrer le Dieu vivant à ces jeunes, un Dieu au cœur de leur vie, un Dieu qui les invite à le découvrir Lui et leur mission, à dire OUI, dans la foi, à l’image de Myriam de Nazareth.

A la rentrée, les filles ont été emballées par le programme que je leur ai présenté, une d’elles me dit : « Cette année, le cours de religion va nous faire avancer. » C’était un programme basé sur la vérité. Les jeunes sont faits pour la vérité, une vérité tellement belle qu’elle met le feu au cœur. La vérité, comme par exemple, la nécessaire abstinence en amour. Nous avons parlé aussi de suicide de ces jeunes qui a pour origine l’éclipse de Dieu dans leur vie et le combat de tous les jours contre vents et marées.

Grâce à la prière et notre action concertée, Dieu peut faire des miracles. J’en suis persuadé, le salut de notre milieu passe par ces jeunes filles, comme dans le passé par Marguerite Bourgeois, Émilie Gamelin, Marie de l’Incarnation, Jeanne Le Ber, et bien d’autres, qui ont tissé l’âme du Québec. Dieu peut encore opérer des miracles dans les cœurs !

Luc P. (Le Nic)

2009-02-12

LE COURAGE DE LA COMPASSION

Don accompagne Marc à l’urgence, il est en pleine crise.

Marc est prisonnier de lui-même et les autres sont impuissants à le comprendre dans sa souffrance. Don reste avec lui le temps qu’il faudra.

Voilà qu’au milieu de la nuit, Marc prend la main de Don et murmure : ''Quand tu es là, je me sens en sécurité.''

Pour Don, le plus difficile c’est de se taire et de tendre la main. C’est le sens de la présence! Il est bien conscient que c’est le courage de la compassion qui conduit à construire des relations dépouillées de supériorité et du besoin de contrôler. C'est ce qu'il a vécu avec Marc.

Une motivation vitale, la compassion !

Louis C.M. (Nouvelle Revue franciscaine)

2009-02-10

COMMENT J’AI TROUVÉ LE BONHEUR

Je suis arrivée à la famille Marie-Jeunesse, à Sherbrooke, Québec, pour des vacances d’un mois, le cœur rempli de haine envers une personne qui m’avait beaucoup blessée.
Après avoir discuté de cette situation avec un responsable, je me suis sentie un peu libérée.
Tous les jours, je priais à partir d’une Parole de Dieu; chaque fois, il était écrit de faire confiance au Christ, qu’il comblerait les désirs de mon cœur. Je voulais recevoir le sacrement du pardon, mais je n’osais pas.
Un matin, j’ai lu cette parole : ‘Demande le sacrement du pardon et tu obtiendras ma miséricorde.’ Je n’ai plus eu de doutes et je suis allée vers un prêtre pour me confesser. J’ai tout de suite été transformée, la vraie Vaimoe revit, elle connaît le vrai bonheur, la vraie paix.
Aujourd’hui, j’ai choisi de mettre le Christ au centre de mon nouveau foyer, de mon couple, de ma vie. Je suis tellement heureuse et comblée par son amour et sa paix. Je sais que je suis aimée du Père!

Vaimoe, 19 ans, Tahiti (Revue Le Veilleur)

2009-02-05


FAIRE REVIVRE LA MÉMOIRE DE SES ANCETRES

Samuel, descendant d’un père québécois et d’une mère algonquine, se sert de son statut de Métis pour ouvrir des frontières entre blancs et autochtones.

Sur sa réserve, c’était difficile : à l’extérieur il était attaqué, dans sa réserve également où il n’était pas reconnu comme un Algonquin.

A 15 ans, il quitte le foyer familial, avec 5 $ en poche. Il vend de la dope et finit par avoir un gros problème de consommation. «J’ai perdu l’odorat et le goût à cause de la coke. Mais le jour de la naissance de mon fils, tout est revenu, j’ai dit à ma blonde qu’elle sentait bon.»

A 20 ans, il retrouve sa mère et sa grand-mère et recommence à parler algonquin, la langue de son enfance. «Ceux qui ignorent les aînés perdent l’essentiel, ils ont tellement de choses à nous dire». Chaque fois que Samuel retourne en Abitibi, il s’enferme avec sa grand-mère, seulement pour l’écouter parler. Il est devenu un gars de famille. «J’aime être avec ma mère, ma grand-mère, mes deux sœurs dont je suis très proche, être avec ma blonde et mon fils».

La musique a aussi été salutaire au gars endurci qu’il commençait à devenir. Grâce à une cinéaste, il commence à composer et à chanter. «Sans la musique, je serais aujourd’hui en prison». Que Dieu bénisse l’Amérique, la Terre et tous les peuples qui ont souffert, chante-t-il.
Le rappeur est optimiste et il veut continuer d’œuvrer à la réconciliation entre blancs et Amérindiens. «Les Etats-Unis ont un président noir, pourquoi le Canada, un jour, n’aurait pas un premier ministre d’origine autochtone? Qui sait, ce sera peut-être mon fils!»

(Lu dans l’Itinéraire, février 2009)

2009-02-03

Juste au bon moment!

Voici un petit témoignage qui peut nous faire réfléchir sur l’importance d’être présent(e) à notre entourage parce qu’on ne sait pas ce qu’il vit et que notre parole ou simplement notre attention peut valoir son pesant d’or. Les autres ont toujours besoin de notre bonté, notre tendresse, notre compassion.

« Un soir, un homme entre à la maison, va trouver son fils de 14 ans et le fait asseoir pour lui dire : » Une chose incroyable m’est arrivée aujourd’hui. Un des jeunes cadres de la compagnie est entré dans mon bureau, m’a dit qu’il m ‘admirait et m’a offert ce ruban bleu en hommage à mon génie créatif. Tu imagines! Il pense que j’ai du génie! Puis il a épinglé ce ruban où on lit : « Je ne suis pas n’importe qui », juste au-dessus du cœur. Il m’a donné un autre ruban et m’a demandé de le remettre à un autre. En revenant à la maison ce soir, je me suis demandé qui je choisirai pour remettre ce ruban et j’ai pensé à toi. Je veux te rendre hommage.

« J’ai des journées impossibles; quand j’arrive à la maison, je ne m’occupe pas beaucoup de toi. Parfois, je te dispute parce que tes notes ne sont pas bonnes ou parce que ta chambre est en désordre; ce soir, je veux m’asseoir avec toi et te faire savoir que tu es quelqu’un d’important pour moi. A part ta mère, tu es la personne la plus importante dans ma vie. Tu es un garçon fantastique et je t’aime! »

Le garçon étonné se met à pleurer et à sangloter et ne peut pas retenir ses larmes. Il tremble. Il lève les yeux vers son père et dit entre deux sanglots : « papa, j’avais décidé de me suicider demain, parce que je pensais que tu ne m’aimais pas. Maintenant, je n’ai plus besoin de le faire; tu m’es venu… juste au bon moment! Helice Bridges


Et nous, à qui pourrions-nous donner un ruban? Tellement de personnes auraient besoin d’entendre dire qu’elles sont aimées de nous et aussi de Dieu.

2009-01-29

À LA DÉFENSE DES PLUS PAUVRES

Des groupes de défense des droits sociaux déposent une plaine devant le Conseil de presse contre un animateur de radio, pour avoir proposé de retirer le droit de vote aux personnes vivant de l’aide sociale.
‘Ce n’est pas vrai que les personnes sur l’aide sociale ne contribuent pas à la société : elles achètent des vêtements, de la nourriture, des titres de transport en commun, elles paient des taxes, etc…’
Les commentaires de l’animateur sont humiliants, offensants pour des personnes vivant de l’aide sociale et vont à l’encontre de la Charte des droits et libertés. Le droit de vote est un droit essentiel à l’exercice de la citoyenneté. Remettre en question le droit de vote d’une personne parce qu’elle est assistée sociale est aussi grave et inacceptable que si l’on remettait en question le droit de vote des personnes d’un pays ou d’une province en raison de la couleur de leur peau ou de leur religion ou de leur langue.

ATD Quart Monde : Revue de presse déc.08