2013-06-29

L’AVENTURE DE SERGIO

À 17 ans, on lui passe un ‘joint’ qui contient du LSD sans le savoir, et puis… c’est le coma, une dépression majeure, une crise personnelle. Il est malade, ne dort plus, il fait de la musique mais chaque show est un enfer, sa vue est coupée en deux. ‘'J’étais incapable de sortir de chez moi, je saignais de la bouche, j’étais vert pâle’’.

Sergio fait la rencontre de Louise, thérapeute en relation d’aide; elle l’amène à consulter. Le psychiatre identifie ce qui ne va pas : ce damné neurotransmetteur bousillé en 1969, le fameux joint!  Ce que Sergio ne sait pas encore c’est qu’un de ses neurotransmetteurs a été sévèrement endommagé.

L’écriture de sa biographie ‘’S’enlever du chemin’’ deviendra purificatrice et complémentaire de sa démarche médicale, qui l’a enfin libéré d’un mal qui l’a enchaîné trop longtemps. Au-delà de tous les recours c’est l’accompagnement qui a été salvateur. «Le livre, écrit avec Louise, a été thérapeutique pour moi et je pense que ça peut aider les autres à s’ouvrir sur la maladie. Il y a tellement de monde qui ont des problèmes anxieux. Le livre est un album lumineux, joyeux qui contient des choses intenses sur ma mère, mon père, mes relations amoureuses, mais je me caricature aussi, je ris beaucoup de moi, je me traite de chat de gouttière»!

(Lu dans L’Itinéraire, publié avec autorisation)

2013-06-07

MONIQUE ET LA MATER DOLOROSA


Le 6 décembre 1989, Marc Lépine tuait 14 jeunes filles à l’École Polytechnique de Montréal et s’enlevait la vie. Il avait 25 ans.

«C’était un garçon rempli d’amertume qui entretenait des idées de vengeance, dira sa mère des années plus tard; il était blessé très profondément depuis sa tendre enfance quand j’ai dû me séparer de lui pour aller travailler. Puis, il y a eu la schizophrénie probable.»

Après le décès de Marc, Monique était traumatisée et en état de choc, elle est entrée dans une période de dépression profonde. Sa fille, Nadia sombre dans la drogue, elle se suicide sept ans après la mort de son frère, suite à une surdose de cocaïne. Elle avait 28 ans.

Monique a été présente aux dernières heures de sa fille : «Je lui parlais de l’amour de Dieu, je la préparais pour le dernier voyage; après son départ, j’ai commencé à faire le deuil de mes deux enfants.»

La Pieta de Michel-Ange lui vint soudainement à l’esprit : Monique contemplait Marie qui portait Jésus mort sur ses genoux. Comme Marie qui gardait toute chose en son cœur, Monique entendait une voix lui dire ‘Ne parle pas, tu es trop blessée, garde tout ça dans ton cœur’. J’ai décidé de ne pas parler aux journalistes.

Avec la Mater Dolorosa, Monique allait accepter, même sans comprendre, par le recueillement et la prière, la volonté de Dieu. «J’ai vu devant moi deux chemins : la vie ou la mort; en choisissant la vie, j’ai promis que j’allais vivre pour aider d’autres femmes comme moi : seules, honteuses, pleines de culpabilité.»

Un jour, vers 2001, Monique est amenée à témoigner devant un petit groupe de femmes : «J’ai pris le micro et je me suis identifiée, j’ai raconté comment je vivais depuis 12 ans : je sortais peu et quand j’avais à me présenter, je disais ‘Monique’ ou ’Madame Lépine’, les yeux au plancher. Ce soir-là, j’ai dit que je m’appelais Monique Lépine et un peu comme Abraham, j’ai reçu une nouvelle identité.» La Mater Dolorosa sortait de sa Via Dolorosa !

Tout alla bien jusqu’à la fusillade du Collège Dawson, en 2006. «J’étais rivée à mon téléviseur, les rideaux tirés, je revivais les événements de Polytechnique. J’ai pleuré toute la journée et toute la nuit, j’ai dit : Seigneur, viens me chercher ou donne un sens à ma vie . Le lendemain matin, un journaliste de TVA me sollicitait pour une entrevue, je lui avais toujours dit non, là j’ai dit oui. J’avais la conviction que cette fois-ci c’était la volonté de Dieu, j’étais prête, je parlerais pour consoler ceux qui souffrent.»

«L’entrevue télévisée nous amena au livre VIVRE puis au site Internet, à des conférences, des rencontres avec des prisonniers qui ont commencé une démarche spirituelle, avec des jeunes. Ils me demandent si j’aime encore mes enfants. Je réponds oui et leurs yeux s’illuminent. Ils veulent croire qu’ils sont encore aimés, je leur dis que nous ne sommes pas définis par nos actes, c’est notre cœur qui nous définit, comme les personnes à qui Jésus s’adressait, il allait au cœur de la personne.»

Aujourd’hui, Monique rencontre des parents de jeunes qui se sont suicidés. «Je leur parle de l’amour de Dieu pour nous. Si je suis debout c’est grâce à ma foi, les gens ne sont pas fermés à l’idée de Dieu, ils sont assoiffés de Dieu, de spiritualité, d’amour.»

MONIQUE EST REVENUE À LA VIE. CE N’EST PAS UNE SURVIVANTE,
 MAIS UNE VIVANTE ÉTERNELLE !