Au centre-ville, avec les sans-abri, les prostituées, les
toxicomanes. Il les écoute, essaie de leur apporter un peu de réconfort. Il
arpente le quartier, il en rencontre, il leur donne un coup de pouce en leur
achetant des médicaments ou des vêtements ou en leur payant un repas. « Je
n’essaie pas de les sortir de la rue, je les réconforte.»
A l’hôpital où il travaille, il s’occupe des personnes
seules et désespérées, il accompagne les mourants qui n’ont pas de famille.
Jeune, il avait voulu être missionnaire mais lorsque son grand-père est mort,
il avait 13 ans, il a calé sa première bière pour endormir sa peine. Puis ce
fut une longue descente aux enfers, qui a pris fin à l’âge de 40 ans.
Un jour, il a eu peur, il s’est dit qu’il ne voulait pas
mourir dans la rue. Il est retourné aux études, il a été ordonné prêtre, pas
pour être en paroisse, mais pour travailler avec les pauvres. Claude a des
projets plein la tête. Il veut créer une fondation pour aider les démunis.
«J’aimerais avoir une petite ferme, juste un petit coin de verdure pour que les
toxicomanes, les prostituées puissent se reposer un week-end.»
Claude a réalisé son rêve d’être missionnaire, mais pas en
Afrique, ici, chez nous.
(La Presse, avril
2008)
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Probablement le même Claude, en 2017, est appelé Curé de la
rue, dealer d’espoir. Il est encore sur la rue, avec les pauvres, les
prostitués. Il a été un des leurs, il en est sorti en devenant prêtre et
maintenant il retourne à la rue, pour être de nouveau avec eux, pour être plus
efficace, lorsqu’il se met à leur niveau. ‘’J’ai été et je resterai un peu
comme eux. Toute ma vie, je serai dépendant, même si je ne
consomme plus. Aujourd’hui, je peux confesser les gens qui le demandent car
même s’ils sont dans la rue, ils peuvent se libérer’’.
Abbé Claude Paradis,
(L’Itinéraire, mars 2017, publié avec autorisation)