2011-10-06

MON PÈRE M’A VOLÉ MON ENFANCE

Mon père n’était pas méchant, juste perturbé par sa maladie. Il combattait une forme dégénérative très sévère d’arthrite rhumatoïde, qui s’attaquait à son système nerveux.

La seule façon pour mon père d’être en relation avec moi était de m’écorcher vif afin de mieux me briser. Il avait besoin de moi pour se décharger de sa colère, de ses frustrations et de sa souffrance physique. Et moi, j’achetais la paix en lui donnant raison surtout quand il avait tort.

Même si mon géniteur m’a fait beaucoup de mal, il possédait des qualités exceptionnelles : détermination, persévérance, compassion, drôle et paternel, un bon moral à certains moments, protecteur avec une volonté d’acier. En dépit de sa grande force et de ses capacités, mon père vivait, à la limite du supportable, une intense souffrance physique. L’affreuse et pénible maladie de mon père l’aura affecté au point de le transformer en monstre tortionnaire. Cela n’excuse pas sa conduite, mais explique l’origine de la plus venimeuse dépendance que j’ai été contraint de vivre durant ma vie. Même si ce n’est pas évident, reconnaître les coups durs dans la vie de quelqu’un est souvent le chemin qui mène au pardon.

Aujourd’hui, je trouve en mon cœur l’amour et l’affection perdus. Mon cœur d’enfant, quoi !

Gilles L. (L’Itinéraire, avec autorisation)

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