Les témoignages suivants répondent aux questions, préjugés, perceptions que nous entretenons parfois par rapport à l’itinérance; ils sont un éclairage très fort, appuyé sur l’expérience du vécu par certains camelots.
GABRIEL :
Quand on a créé le magazine l’Itinéraire, en 1994, la moitié d’entre nous étions des itinérants. Avec le temps, on a réussi à se structurer et à trouver une situation plus stable. Peu de camelots vivent encore dans la rue aujourd’hui, mais tous sont sous le seuil de la pauvreté.
CHRISTINE :
La vente d’un journal de rue constitue un vrai travail. Au jour 1 de notre arrivée à l’Itinéraire, nous, les camelots travaillons déjà dans l’entreprise et avons le loisir de nous impliquer aussi longtemps que nous le voulons. Nous sommes des ‘entrepreneurs sociaux’ qui investissent leur propre argent pour faire partie d’une entreprise à échelle humaine.
GUY :
Le travail de camelot nous responsabilise et nous apprend à gérer notre budget. A mes débuts comme camelot, je continuais à me geler, mais l’Itinéraire m’a aidé à m’accrocher et à ne pas tomber dans la criminalité. Et aujourd’hui, je ne consomme plus. L’argent que je gagne m’aide à améliorer ma qualité de vie.
JEAN-FRANÇOIS :
Chacun peut se retrouver dans une situation d’itinérance. Des événements malheureux : divorces, isolement, problèmes de santé mentale, maladies, problèmes de consommation et de dépendance, tous des facteurs qui font tomber plus bas. La vente du magazine aide la personne à se stabiliser financièrement et socialement afin qu’elle puisse retrouver son autonomie.
Publié par T.Dr. avec autorisation
Extraits du magazine l’Itinéraire
2015-12-29
2015-12-17
LE NOEL D’ÉVELYNE
Évelyne, 8 ans, était orpheline et les personnes qui s’en occupaient étaient devenues très pauvres. Mais Évelyne restait joyeuse et elle avait beaucoup d’imagination. A quelques jours de Noël, un incendie détruisit la maison de son père adoptif, il n’avait pas d’assurance et toute la famille se retrouva à la rue.
Le père adoptif d’Évelyne lui dit que le Père Noël n’existait pas et que, cette année, elle n’aurait pas de cadeaux. Et si c’était moi le Père Noël, se dit la fillette, je pourrais vendre du chocolat et acheter des polichinelles ou des soldats de bois pour les distribuer aux enfants de l’orphelinat.
Son père adoptif était d’accord avec le projet d’Évelyne; alors elle alla donc à la confiserie Chez Armand pour qu’on lui avance le chocolat. Elle vendrait ses produits dans la rue et les passants l’encourageraient en la voyant avec la tuque du Père Noël !
Elle était courageuse, Évelyne, et avec son enthousiasme, elle avait le don de séduire la foule. Autant qu’elle se fit un petit surplus! Elle put acheter les cadeaux, qu’elle emballa dans du papier froissé et du ruban pour les offrir à ses compagnes de l’orphelinat. Elle dit au Directeur de l’école qu’elle voudrait remplacer le Père Noël et distribuer aux autres enfants les joujoux qu’elle avait achetés et emballés elle-même. Le Directeur fut touché et il répondit :
Fillette, avec cet air là et venant d’une petite fille
qui ne manque pas d’audace et de courage,
je ne peux refuser ta demande.
Je me ferai un plaisir
d’inscrire sur ma liste les noms de tous les enfants,
sans en oublier un seul.
Le Noël de l’orphelinat fut un jour magique grâce à Évelyne et à son don du partage. La petite fille se rendit compte que donner était pour elle la chose la plus merveilleuse et elle pensait déjà à la surprise qu’elle allait préparer l’année suivante.
Joyeux Noël à vous toutes !
Publié par Th.Drainville
Avec autorisation de l'Itinéraire
Le père adoptif d’Évelyne lui dit que le Père Noël n’existait pas et que, cette année, elle n’aurait pas de cadeaux. Et si c’était moi le Père Noël, se dit la fillette, je pourrais vendre du chocolat et acheter des polichinelles ou des soldats de bois pour les distribuer aux enfants de l’orphelinat.
Son père adoptif était d’accord avec le projet d’Évelyne; alors elle alla donc à la confiserie Chez Armand pour qu’on lui avance le chocolat. Elle vendrait ses produits dans la rue et les passants l’encourageraient en la voyant avec la tuque du Père Noël !
Elle était courageuse, Évelyne, et avec son enthousiasme, elle avait le don de séduire la foule. Autant qu’elle se fit un petit surplus! Elle put acheter les cadeaux, qu’elle emballa dans du papier froissé et du ruban pour les offrir à ses compagnes de l’orphelinat. Elle dit au Directeur de l’école qu’elle voudrait remplacer le Père Noël et distribuer aux autres enfants les joujoux qu’elle avait achetés et emballés elle-même. Le Directeur fut touché et il répondit :
Fillette, avec cet air là et venant d’une petite fille
qui ne manque pas d’audace et de courage,
je ne peux refuser ta demande.
Je me ferai un plaisir
d’inscrire sur ma liste les noms de tous les enfants,
sans en oublier un seul.
Le Noël de l’orphelinat fut un jour magique grâce à Évelyne et à son don du partage. La petite fille se rendit compte que donner était pour elle la chose la plus merveilleuse et elle pensait déjà à la surprise qu’elle allait préparer l’année suivante.
Joyeux Noël à vous toutes !
Publié par Th.Drainville
Avec autorisation de l'Itinéraire
2015-11-20
UN FONDS POUR LES ÉCOLES
Julie, 16 ans, meurt d’un arrêt cardio-respiratoire, alors qu’elle suit un cours d’éducation physique, à la Polyvalente qu’elle fréquente. Il n’y avait aucun appareil dans l’école pour la sauver.
Marie-Hélène, une amie de Julie, décide d’agir. Avec d’autres amies, elle établit une Fondation pour munir les écoles d’éducation physique d’un DEA (défibrillateur externe automatisé). Sauver une vie, ne serait-ce qu’une vie ce serait déjà bien.
Les amies nomment la Fondation du nom de Julie. Grâce à plusieurs activités qui riment avec ‘berce-o-thon’, elles réussissent à recueillir la somme de 15 000 $. À court terme, les jeunes filles souhaitent équiper trois écoles. À long terme, elles voudraient que toutes les écoles soient munies d’un DEA et qu’une formation simple soit donnée aux étudiants, pour bien manipuler ce genre d’instrument.
Selon la Fondation des maladies du cœur, l’utilisation d’un DEA, en association avec la réanimation cardiorespiratoire, augmenterait de 75% ou plus les chances de survie à un arrêt cardiaque.
Marie-Hélène et ses amies ont compris que ‘’ça devrait être une priorité d’en avoir dans les écoles, où il y a tellement de gens, les DEA ont fait leurs preuves’’.
Bravo pour cette bonne idée de sauver des vies dans les écoles!
(Journal Métro, novembre 2015, extraits)
Marie-Hélène, une amie de Julie, décide d’agir. Avec d’autres amies, elle établit une Fondation pour munir les écoles d’éducation physique d’un DEA (défibrillateur externe automatisé). Sauver une vie, ne serait-ce qu’une vie ce serait déjà bien.
Les amies nomment la Fondation du nom de Julie. Grâce à plusieurs activités qui riment avec ‘berce-o-thon’, elles réussissent à recueillir la somme de 15 000 $. À court terme, les jeunes filles souhaitent équiper trois écoles. À long terme, elles voudraient que toutes les écoles soient munies d’un DEA et qu’une formation simple soit donnée aux étudiants, pour bien manipuler ce genre d’instrument.
Selon la Fondation des maladies du cœur, l’utilisation d’un DEA, en association avec la réanimation cardiorespiratoire, augmenterait de 75% ou plus les chances de survie à un arrêt cardiaque.
Marie-Hélène et ses amies ont compris que ‘’ça devrait être une priorité d’en avoir dans les écoles, où il y a tellement de gens, les DEA ont fait leurs preuves’’.
Bravo pour cette bonne idée de sauver des vies dans les écoles!
(Journal Métro, novembre 2015, extraits)
2015-11-07
INVISIBLES AU MILIEU DE LA FOULE
MICHÈLE OUIMET LA PRESSE

« Bonjour, voulez-vous acheter L’Itinéraire ? »
J’ai répété cette phrase un million de fois entre 11h 45 et 13 h. Les gens étaient polis. Parfois, ils me disaient non merci. J’ai même eu droit à quelques sourires. Mais la plupart m’ignoraient et passaient leur chemin comme si j’étais invisible. Un seul a été grossier, un homme tiré à quatre épingles, veston, cravate, cheveux grisonnants. « Je ne suis pas un itinérant ! »
Le ton était bête, hargneux. Je m’attendais à de l’indifférence, mais pas à de la muflerie. J’ai failli lui répondre : « Un petit crachat avec ça, peut-être ? »
De l’autre côté de la rue, Marie-Andrée gardait le moral. Elle est habituée, elle vend L’Itinéraire depuis deux ans. Menue, vêtue de noir, elle tenait une pile de revues. Pas de pitch de vente, juste un sourire. En 1 heure 15, elle a vendu quatre exemplaires, pour un total de 12 $. Elle a gardé la moitié des gains, soit 6 $.
« Si au bout d’une heure, je n’ai rien vendu, ça commence à m’affecter, m’a-t-elle dit. Les gens pensent que je suis une itinérante parce que je vends la revue. Ils me demandent : “Pourquoi tu te trouves pas une job ?” C’est insultant. Je me cherche pas une job parce que j’en ai une ! Je vends la revue et j’écris dedans. Les gens ne me comprennent pas. Des fois, je me sens comme une extraterrestre. »
Nous n’étions pas les seules à vendre la revue, ce midi-là.L’Itinéraire avait organisé une journée « Camelot d’un jour ». Une quinzaine de personnalités étaient jumelées à un camelot : l’écrivaine Monique Proulx, la chanteuse Martine St-Clair, l’animateur et humoriste Dany Turcotte, la journaliste Johane Despins… Des gens qui croient à L’Itinéraire et qui sont prêts à donner de leur temps pour soutenir la cause.
Car L’Itinéraire n’est pas qu’un magazine, c’est aussi une cause. Il permet à des sans-abri et à des gens fragiles de sortir la tête de l’eau en vendant la revue. Certains écrivent, comme Marie-Andrée. Je vous ai déjà raconté son histoire.
Elle souffre d’anxiété chronique. Elle a frôlé le gouffre : dépression profonde, cassure, « le genre qui ne se répare jamais », m’avait-elle expliqué. Elle a découvert L’Itinéraire et sa faune par hasard. C’est sa famille depuis deux ans. Elle a 32 ans.En juin, elle a suivi un stage à La Presse avec trois autres camelots, stage que j’ai dirigé avec ma collègue Katia Gagnon.
Marie-Andrée m’a demandé de l’accompagner mercredi. La pauvre, je n’ai vendu que 12 exemplaires, alors que Johane Despins en a vendu 80 et Dany Turcotte 70.Avant de nous lancer dans la rue avec notre pile de revues, nous nous étions réunis au local de L’Itinéraire situé au coin de Sainte-Catherine et de De Lorimier. L’animateur Marc-André Coallier, porte-parole de l’événement, nous avait avertis : « On va vivre l’expérience de vendre la revue à du monde qui veulent rien savoir et qui nous regardent même pas. »
Tout le monde a ri. N’empêche, il avait drôlement raison. C’est troublant de se sentir invisible au milieu d’une foule.
***
L’Itinéraire a été créé en 1994. La revue a traversé des crises. L’année dernière, une nouvelle équipe a entrepris un virage audacieux : placer le camelot au cœur du magazine. Le 1er octobre 2014, les camelots signaient 13 % des articles. Aujourd’hui, ils en écrivent la moitié.
C’est une tâche colossale de diriger des camelots-journalistes qui vivent souvent des moments difficiles : toxicomanie, problèmes de santé mentale, instabilité…
Un nouveau défi va bientôt s’ajouter à tous les autres : l’arrivée d’un concurrent.
Le 1er décembre, un autre journal de rue fera son apparition à Montréal, un tabloïd de 24 pages dirigé par un ancien de L’Itinéraire, Réal Noël.
Le nom du dernier-né : La Presse alternative. Le premier numéro sera tiré à 4000 exemplaires et comprendra des entrevues avec le comédien Pierre Curzi, le chanteur Mononc’ Serge, le député Amir Khadir et l’acteur Mario Saint-Amand. Le journal sera publié une fois par mois. L’Itinéraire, lui, est bimensuel. Prix de vente : 3 $. Comme L’Itinéraire. La moitié des articles seront écrits par des camelots. Réal Noël a pigé dans la talle de L’Itinéraire en recrutant certaines de ses plumes. Le reste des articles seront signés par des journalistes étudiants et des experts. Le journal tournera autour la « quête de sens », a précisé Réal Noël.
Quête ou non, l’arrivée d’un concurrent risque de déstabiliser L’Itinéraire.
« Réal va peut-être se rendre compte que ce n’est pas évident de mener une entreprise comme ça, a dit la rédactrice en chef Josée Panet-Raymond. L’Itinéraire a failli couler l’année dernière. On travaille fort. Mais la concurrence, c’est pas mauvais. » Deux acteurs, un marché étroit. La lutte s’annonce féroce.
L’ITINÉRAIRE
Existe depuis 1994
Tirage : 15 000 exemplaires
Parution : Deux fois par mois
Nombre de camelots : 150
Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+
2015-11-02
TÉMOIGNAGE DE DENISE BOMBARDIER
J’ai vécu en début de semaine une plongée dans le monde des religieuses. J’étais la seule femme laïque invitée à adresser la parole à plus de 300 religieuses toutes communautés confondues dans le cadre d’un colloque sur leur avenir qui se déroulait à Québec.
Pour mémoire, ces sœurs, aujourd’hui âgées, sont celles qui nous ont éduqués, qui nous ont appris à respecter notre langue et à écrire sans faute. Elles ont créé nos hôpitaux et ont soigné les malades. Certaines se sont battues avec passion pour que les filles accèdent aux études supérieures.
Aujourd’hui, même dans leur grand âge, elles s’occupent des démunis et consacrent le reste de leur vie aux itinérants, aux grands malades, aux mourants, aux femmes violentées.
Pourquoi sont-elles si spontanément ouvertes au dialogue même lorsqu’on ne partage pas leurs points de vue? Un grand nombre d’entre elles s’affichent comme d’ardentes féministes et leur langue est bien moins convenue que celle de la plupart des prêtres qui se sont adressés à elles durant le colloque.
Les sœurs n’ignorent pas que leur avenir est derrière elles. Que leur engagement d’une «vie consacrée» ne trouve aucun écho dans la société d’aujourd’hui. À part quelques films qui ont voulu leur rendre justice, dont La passion d’Augustine de la cinéaste Léa Pool qui a écrit le scénario en collaboration avec Marie Vien, peu de Québécois happés par la turbulence de la décléricalisation des années 60 et 70 leur ont exprimé leur gratitude. (Également Les Discrètes, de Hélène Choquette)
Or, ces religieuses dont la vie fut dédiée à Dieu, mais aussi à nous, les Québécois, sont les dernières témoins de notre histoire religieuse qui fut aussi sociale et culturelle.
Combien de gens de 70 à plus de 80 ans consentent à s’occuper des démunis, à écouter de jeunes drogués, des femmes agressées avec compassion et une absence de jugement moral?
Nous assistons désormais dans l’indifférence à la mort des communautés religieuses et avec elles à la fin d’un cycle de notre histoire.
Vivant désormais en petits groupes, les sœurs plus actives peuvent encore apporter une contribution à ce Québec en désarroi, en quête de sens, d’identité et de fraternité.
Les sœurs semblent plus sereines que nous. La bonne humeur qu’elles dégagent n’est certainement pas étrangère au fait qu’elles partagent un esprit communautaire en contradiction avec l’individualisme qui triomphe désormais dans la société et qui nous éloigne les uns des autres.
Et si les sœurs incarnaient le meilleur de ce que nous avons été et que nous n’avons su transmettre à nos enfants les rendant orphelins de quelques valeurs humanistes sans lesquelles la vie en société est une jungle?
Denise Bombardier
Pour mémoire, ces sœurs, aujourd’hui âgées, sont celles qui nous ont éduqués, qui nous ont appris à respecter notre langue et à écrire sans faute. Elles ont créé nos hôpitaux et ont soigné les malades. Certaines se sont battues avec passion pour que les filles accèdent aux études supérieures.
Aujourd’hui, même dans leur grand âge, elles s’occupent des démunis et consacrent le reste de leur vie aux itinérants, aux grands malades, aux mourants, aux femmes violentées.
Respect de l’autre
Deux jours passés avec elles et l’on retrouve la sérénité, le calme, la discipline et une politesse qui ne sont que l’expression extérieure du respect de l’autre. Je les observais. Sages, pendant les exposés, elles prenaient des notes avec leur écriture appliquée qu’elles ont transmise durant des générations aux enfants du Québec.Pourquoi sont-elles si spontanément ouvertes au dialogue même lorsqu’on ne partage pas leurs points de vue? Un grand nombre d’entre elles s’affichent comme d’ardentes féministes et leur langue est bien moins convenue que celle de la plupart des prêtres qui se sont adressés à elles durant le colloque.
Les sœurs n’ignorent pas que leur avenir est derrière elles. Que leur engagement d’une «vie consacrée» ne trouve aucun écho dans la société d’aujourd’hui. À part quelques films qui ont voulu leur rendre justice, dont La passion d’Augustine de la cinéaste Léa Pool qui a écrit le scénario en collaboration avec Marie Vien, peu de Québécois happés par la turbulence de la décléricalisation des années 60 et 70 leur ont exprimé leur gratitude. (Également Les Discrètes, de Hélène Choquette)
Or, ces religieuses dont la vie fut dédiée à Dieu, mais aussi à nous, les Québécois, sont les dernières témoins de notre histoire religieuse qui fut aussi sociale et culturelle.
Des femmes fortes
Combien de Québécois, croyants ou non, se remettent en question comme les religieuses rencontrées cette semaine? J’ai croisé des femmes fortes qui ont dirigé leurs communautés avec une efficacité administrative que devraient leur envier beaucoup de gestionnaires d’aujourd’hui.Combien de gens de 70 à plus de 80 ans consentent à s’occuper des démunis, à écouter de jeunes drogués, des femmes agressées avec compassion et une absence de jugement moral?
Nous assistons désormais dans l’indifférence à la mort des communautés religieuses et avec elles à la fin d’un cycle de notre histoire.
Vivant désormais en petits groupes, les sœurs plus actives peuvent encore apporter une contribution à ce Québec en désarroi, en quête de sens, d’identité et de fraternité.
Les sœurs semblent plus sereines que nous. La bonne humeur qu’elles dégagent n’est certainement pas étrangère au fait qu’elles partagent un esprit communautaire en contradiction avec l’individualisme qui triomphe désormais dans la société et qui nous éloigne les uns des autres.
Et si les sœurs incarnaient le meilleur de ce que nous avons été et que nous n’avons su transmettre à nos enfants les rendant orphelins de quelques valeurs humanistes sans lesquelles la vie en société est une jungle?
Denise Bombardier
2015-10-26
NICOLAS chef d’orchestre spécial
Nicolas a eu l’idée de fonder un orchestre symphonique bien spécial pour assouvir son besoin de s’impliquer socialement, il n’avait que 19 ans. « Depuis le secondaire, il y a quelque chose à l’intérieur de moi qui me disait que c’était important d’aider, de donner et d’être là pour les autres.
Son premier concert symphonique est né à
l’église Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal, et a été donné au profit de l’Aide Internationale
pour l’Enfance. Il s’est entouré peu à
peu d’une équipe afin de mieux se structurer.
L’orchestre a pris forme sous le nom d’Orchestre de solidarité sociale (OSA),
car c’est un lieu de rassemblement, d’échange et de partage comme au temps des
Grecs. Il est unique en son genre, seul au Canada, en Amérique du Nord et
peut-être au monde, affirme Nicolas.
Le chef d’orchestre avait depuis longtemps l’idée de donner un concert en l’honneur de l’Itinéraire.
« C’est une mission noble d’entraide. Puis ce que j’aime
avec l’Itinéraire, ce sont tous les outils donnés pour les camelots. C’est un travail durable. C’est une belle
organisation qui occupe une très grande place à Montréal. » Des camelots
assisteront au concert et certains monteront sur scène. Il y a un parallèle
évident. Des jeunes musiciens jouent avec l’orchestre et des camelots
participent aux articles et aux entrevues.
«
Ce que je veux c’est que cela se développe et que l’OSA devienne une
plate-forme qui donne le goût aux jeunes de commencer à jouer de la musique. Transmettre
ma passion c’est quelque chose qui est dans ma mission. J’aurai toujours la
même vision, en plus gros. »
Nicolas
Ellis
L’Itinéraire,
octobre 2015
(Avec permission
de publier) Thérèse Drainville
2015-10-17
POPS, l’aumônier officiel des itinérants
À 60 ans, Emmett Johns, dit Pops, souhaitait tendre la main
aux jeunes sans-abri de Montréal.
En 1998, Pops fonda Le Bon Dieu dans la rue. Il emprunta 10 000$ à la Caisse populaire, acheta un motorisé usagé et arpenta les rues du centre-ville, travaillant pendant de longues heures. La roulotte s’est vite fait reconnaître par les jeunes de la rue comme un endroit sécuritaire où manger un morceau et se réchauffer.
En 1989, l’Évêque Crowley a nommé Pops «l’aumônier officiel des itinérants». Depuis sa création, Dans la rue a évolué. Aujourd’hui, il existe un refuge de nuit, le Bunker et un Centre de jour Chez Pops. L’organisme compte plus de 65 employés et plus de 135 bénévoles.
En 1998, Pops fonda Le Bon Dieu dans la rue. Il emprunta 10 000$ à la Caisse populaire, acheta un motorisé usagé et arpenta les rues du centre-ville, travaillant pendant de longues heures. La roulotte s’est vite fait reconnaître par les jeunes de la rue comme un endroit sécuritaire où manger un morceau et se réchauffer.
En 1989, l’Évêque Crowley a nommé Pops «l’aumônier officiel des itinérants». Depuis sa création, Dans la rue a évolué. Aujourd’hui, il existe un refuge de nuit, le Bunker et un Centre de jour Chez Pops. L’organisme compte plus de 65 employés et plus de 135 bénévoles.
(Publié avec autorisation de l’Itinéraire)
Émilie Gamelin avait aussi l'amour du pauvre sans-abri, des personnes seules, âgées, malades.
Thérèse Dr.
2015-10-01
JE VEUX APPRENDRE À AIMER
Cybelle a quitté l’école très jeune. Elle est inscrite depuis un an à l’Atelier des Lettres qui a pour mission l’alphabétisation des adultes.
« Mon nom
est Cybelle, ma mère a étudié pour devenir psychologue. Elle voyageait beaucoup et j’étais souvent
laissée à moi-même. Je déménageais
chaque année et je devais changer d’école.
Au début, j’étais bonne et assidue à l’école, j’ai même gagné des prix. Mais au bout d’un moment, j’ai estimé que
j’apprenais mieux toute seule et j’ai décidé de quitter l’école à l’âge de 16
ans, pour travailler et aller vers les autres.
J’ai
maintenant un fils qui m’a été arraché. Je voulais cet enfant, mais je n’ai pas
su m’exprimer assez bien pour qu’on comprenne que je le voulais et qu’il était désiré.
Après avoir
accouché de mon 2e fils, je suis devenue dépressive et je ne pouvais
pas vraiment m’en sortir. Maintenant
j’essaie de faire le bien autour de moi.
J’apprends à écouter et à mettre le doigt sur quelque chose de concret,
de positif.
L’an passé,
je me suis inscrite à l’Atelier des Lettres et j’aimerais m’inscrire de nouveau
cette année. J’aime l’école pour ce
qu’on y trouve. Il y a des activités
comme des sorties à la bibliothèque, etc… Il y a aussi les amis et les liens
que l’on y développe dans le but de se construire un bel avenir.
Aujourd’hui,
je me dois d’être forte pour la famille et les gens que j’aime, qui
m’entourent. Je veux apprendre à AIMER
et à me faire respecter le plus possible.
La vie est belle et je suis Cybelle. »
(Publié par Th.Dr. avec l'autorisation de l'Itinéraire)
2015-09-01
UN ART QUI FAIT DU BIEN
Des feuilles et des feutres sont
éparpillés sur la table d’Anna, sa dernière réalisation dans la main. Des œuvres comme celle-ci elle en a plein la
tête, les réaliser l’aide à se sentir plus positive. Participer aux ateliers offerts par un
organisme, lui redonne le sourire. « C’est ici une place pour m’exprimer,
dessiner m’aide à contrer ma maladie.»
Heureuse d’offrir son témoignage
pour prouver les bienfaits de l’art-thérapie au monde! Ce qui compte, c’est de
parler de l’importance de sa passion, le dessin, son exutoire depuis son plus
jeune âge. Son plus grand souhait est que sa famille découvre ses projets lors
des expositions publiques.
Sa voisine Nicole confie que sa
famille ne l’accepte pas, c’est donc pour se sentir appréciée par les autres à
sa juste valeur qu’elle participe aux ateliers.
« Dans ces ateliers, affirme l’animatrice, les gens font de l’art, c’est
ça qui leur fait du bien, les participantes sont totalement libres de discuter,
faire de l’art avec elles me permet d’avoir un contact avec le fonctionnement de
l’esprit humain. »
Alex, Journal l’Itinéraire
(publié avec autorisation)
2015-08-24
DAN, son travail, c'est d'aider
Son tatouage en plein visage est
impressionnant. Dan est de ceux qui travaillent jour après jour pour contrer
les préjugés.
En 33 ans, le jeune homme a vécu des moments plus ou moins réjouissants. Il a
repris goût à la vie en aidant les autres. Cela fait maintenant deux ans qu’il
intervient auprès des consommateurs de drogues dans la rue, avec Cactus
Montréal. Il tente de sensibiliser les
consommateurs aux méfaits liés à la drogue, je vivais sur le trottoir d'en
face, sur la rue Sanguinet avec ma chienne. « On était en automne et il faisait
froid, je ne voulais pas rentrer à Cactus par fierté parce que je ne consommais
pas », se souvient-il.
La
journée où Dan s’est retrouvé à la rue, il était accompagné de plusieurs de ses
amis de l’époque. « Tout
le monde s'est mis à consommer sauf moi. J'avais peur de consommer, peur d'être
mal ou d'aller en prison. Beaucoup de mes amis passaient du temps avec moi pour
éviter de consommer. Tout a basculé l’hiver où il a pris beaucoup de pilules.
J’ai
consommé comme un malade. Et je me suis tiré dans le pied »,
confie-t-il.
La drogue
lui a laissé un goût amer. Il l’assimile à la violence et aux problèmes. « J’ai vu des choses que personne ne souhaite
voir. Ces choses-là m'ont fait lâcher les gars avec qui j'étais. Je ne pouvais
plus rien faire pour eux, c’était trop violent »,
confie-t-il. À Cactus, Dan a trouvé de l'aide et une écoute. « Je suis de l'autre côté de la médaille.
Avant, j'étais avec les drogués, maintenant je suis avec les personnes qui
aident, c’est devenu mon travail », explique--il avec une certaine fierté.
Le défi
quotidien de Dan est de garder son intégrité : « Je suis content d’avoir un appartement ou de pouvoir
dormir des nuits complètes sans être dérangé par la police. Je suis content de
prendre part à la société. »
Pour Dan,
le blocage lié à l’implantation de Cactus à Montréal est en lien avec la peur.
« Les gens ont peur des
itinérants et des drogués et pourtant, ce ne sont pas des personnes méchantes,
il faut juste leur donner une chance de s'intégrer. Leur donner des bonnes
idées, leur faire comprendre qu'ils ont leur place et qu'ils ont leur mot à dire»,
pense-t-il.
En tant
que messager pour Cactus, Dan en sait quelque
chose. « Je parle de ceux et celles qui consomment. Je ne peux que
leur montrer le bon exemple. Cactus permettra d'intervenir autrement avec eux.
Il faut comprendre que quand on tombe, ça fait mal, et c'est dur de se relever. On a absolument besoin d'aide »,
assure-t-il.
AUJOURD'HUI, LA PLUS GRANDE FIERTÉ DE DAN EST D’AVOIR ESSAYÉ DE S’EN
SORTIR. IL ESTIME NE PAS ENCORE S’EN ÊTRE COMPLETEMENT SORTI. « JE NE VOUDRAIS PAS DÉMISSIONNER. J'AI ENCORE DU TRAVAIL À FAIRE SUR
MOI, MAIS J’ESPÈRE POUVOIR DIRE UN JOUR QUE JE M'EN SUIS TOTALEMENT TIRÉ. »
2015-08-03
COMPASSION pour un pays pauvre
Après avoir connu une période de croissance et de haut rendement, dans les années 1960, grâce à l'usage d'engrais chimiques pour leurs terres, de pesticides et de semences OGM, des producteurs agricoles de l'Inde (200 000) en sont maintenant arrivés à se suicider parce que les fertilisants ont épuisé la terre, le prix du coton a chuté, les semences OGM sont trop coûteuses : tout calculé, il ne reste que 100 dollars pour nourrir la famille et traverser l'année.
Un autre problème, celui de l'eau, dont l'accès est
inégal. Selon une politique gouvernementale, les efforts d'irrigation des
terres sont concentrés dans quelques États pour 40% seulement des terres
agricoles du pays; résultat : 60% des terres sont cultivées par des agriculteurs
pauvres d'entre les pauvres, dépendants des pluies de la mousson.
(Lu dans la Revue de Presse, Quart Monde)
=============
Si Émilie vivait de nos jours, naîtrait en son coeur un
grand sentiment de compassion pour ce pays appauvri par les ambitions et les
inconsciences des générations précédentes qui ont oublié les générations qui
suivraient.
Merci Émilie de nous rappeler notre responsabilité.
Lu
91 fois dans l’ancienne communauté virtuelle Affinitiz
Publié par Thérèse Drainville
Publié par Thérèse Drainville
À LA RECHERCHE DE LA PAIX INTÉRIEURE
Impossible de le manquer, Benoît est
partout : au café du journal de rue, à la rédaction d’un article pour le
magazine, à la vente du journal, au même métro, depuis 6 ans.
Benoît ne l’a pas eu facile, comme
l’incendie de son logement, il y a 5 ans, mais il finit toujours par retomber
sur ses pieds, une bonne blague et le voilà de nouveau sur les rails.
Généreux, sensible, il déploie son énergie
pour tendre vers la paix intérieure, comme la distribution de petits cœurs
rouges qu’il invite à porter sur le cœur comme il le fait lui-même, c’est le
symbole de l’amour, de la tolérance, de la solidarité et de la paix intérieure.
Bravo Benoît, tu contribues à changer le
monde
(Lu dans L’Itinéraire, publié avec
autorisation)
2015-06-27
LA CHANCE D’AVOIR MON PÈRE
Depuis que ma mère est décédée, il y a
quelques mois, je garde sa photo-souvenir avec moi en tout temps. J’ai pris la
résolution d’être plus proche de mon père, j’ai la chance qu’il demeure à
quelques rues de chez moi. Le décès de
ma mère plus tôt cette année m’a fait réaliser que les gens qu’on aime peuvent
partir à tout moment.
Même si je n’étais pas quelqu’un qui était
porté à appeler et fréquenter mes proches, j’essaie depuis que ma mère est
partie, j’essaie de faire le contraire.
Mon père est un travailleur infatigable.
Il était remboureur de meubles et avait trois emplois.
A partir de l’âge de 10 ans, j’allais
travailler avec lui la nuit pour retirer la housse et les broches des
fauteuils. Je l’aidais pour qu’il puisse
rentrer plus rapidement à la maison.
Je n’ai jamais vraiment cru aux fêtes. Ce qui a changé aujourd’hui c’est que je
fréquente davantage ma famille. Je n’ai pas besoin d’une fête en particulier
pour les rendre heureux.
Merci.
Jean-Pierre M.
(L’Itinéraire – Publié avec autorisation)
2015-03-09
SI CHAQUE SOIR MEURT UNE ROSE
Chant de Richard Anthony
Réflexions de Pierre, camelot :
«Si chaque soir meurt une rose,
chaque matin un enfant voit le jour.
S’il est vrai que la perte d’un proche signifie peine,
souffrance et vide,
on peut apprendre d’une telle expérience, afin qu’elle ne
nous détruise pas
et nous aide à croître malgré les émotions liées au deuil.
S’il y a le chagrin de voir un être aimé décliner et être
impuissant,
nous devons nous raccrocher à l’essentiel et ne pas oublier
d’utiliser notre potentiel
afin de profiter au mieux du temps que le sablier de
la vie nous réserve.
Si le décès d’un proche nous bouscule en faisant monter des
émotions,
Que cela nous amène à chercher d’améliorer notre façon de
vivre en société.
Il faut prendre le temps de vivre son deuil
pour ensuite être en mesure de passer de l’autre côté
des larmes
et entreprendre une autre étape de la vie.»
Lu dans l’Itinéraire - autorisation de publier
2015-02-19
LE COMBAT DE CLAUDE ROBINSON
Il s’est fait voler son projet : une série télévisée basée sur un personnage nommé Robinson Curiosité. C’est la Cour suprême qui a finalement reconnu le crime, après 20 ans de procédures juridiques.
Une série télévisée d’animation en 26 épisodes de 25 minutes, illégalement plagiée sur l’idée originale de Claude Robinson, d’abord titrée Robinson Curiosité.
Les entreprises Cinar de France ont à l’époque, en 1994, copié le concept de Claude Robinson et affirmé qu’il avait été créé par Christophe Izard. En 2009, le juge québécois Claude Auclair a reconnu que la maison de production Cinar et ses ex-dirigeants l’ont volé, en plagiant l’histoire, les personnages et les dessins de Robinson Curiosité, la série pour enfants qu’il a imaginée au début des années 1980.
Un jugement a été porté en faveur de Claude Robinson, en 2011; il a été porté en appel et les trois juges de la Cour d’appel ont confirmé le verdict. La décision fut portée en Cour Suprême du Canada où les juges ont encore une fois tranché en faveur de Claude Robinson.
(Notes de Wikipédia)
Pendant 20 ans, il a cherché à dire la vérité, alors que ses adversaires (des multinationales qui étaient protégées par des assurances) mentaient.
Il a dû faire des recherches sur le droit d'auteur.
Vingt ans de lutte pendant lesquels l'élan créatif était complètement coupé, avec des ''balles'' qui sifflaient autour de sa tête.
Tout ce qu'il avait, c'était la certitude qu'il disait la vérité et qu'eux mentaient.
Aujourd'hui, force est d'admettre qu'il peut être persévérant. Il se sent maintenant comme quelqu'un qui a fait ce qu'il avait à faire, une journée à la fois.
BRAVO CLAUDE ROBINSON, tu as gagné la capacité de te regarder dans le miroir, malgré la disproportion des forces.
Th.
Lu dans la Revue l'Itinéraire. (Publié avec l'autorisation de la Revue)
2015-02-08
ZOOM sur Claude camelot
Claude a beaucoup changé depuis son arrivée à L’Itinéraire en 2006. La musique, les arts, la culture et la science prennent une place plus importante dans sa vie.
En 2014, Claude a rendu visite à sa famille en Abitibi, pour
la 1re fois en 20 ans. Ces
retrouvailles lui ont permis de renouer avec ses proches et de faire la paix
avec son passé d’itinérance.
Pendant toutes ces années, Claude a connu toutes sortes de
problèmes. Atteint de l’hépatite C, il
a suivi un traitement curatif pendant lequel il a eu un épisode
psychotique : «Je pensais
mourir, j’avais peur de l’hôpital. Mon
état était vraiment lamentable. Heureusement c’est passé et je vais beaucoup
mieux.»
Cette épreuve difficile lui a tout de même permis de prendre
conscience des petits bonheurs de la vie :« Je ne m’en fais plus avec
ce que les autres pensent de moi. C’est
pour ça que je n’ai pas de projet à long terme, je suis très heureux dans
l’instant présent. J’espère que L’Itinéraire continuera de me donner l’autonomie
dont j’ai besoin pour continuer de m’épanouir.»
Après l’entrevue, avant de retourner vendre ses magazines,
Claude avait une demande spéciale, il tenait à dire à sa mère qu’il lui
envoyait une tonne d’amour, de même qu’à sa sœur, son conjoint et ses nièces. Même au loin, il ne les oublie pas.
Claude L.
(Publié avec l'autorisation de l'Itinéraire)
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