2008-12-29

MILLE HEURES DE BÉNÉVOLAT

Patrick et Froy, deux étudiants en médecine dentaire offrent leurs services en soins dentaires aux jeunes de la rue; ils distribuent d’abord brosse à dents et dentifrice, mais ils se rendent vite compte que ce n’est pas suffisant parce que plusieurs ont des problèmes de dentition. Ils ouvrent une clinique dans un petit local du CLSC où les jeunes peuvent rencontrer d’autres spécialistes, infirmières, psychologues. D’autres étudiants se joignent à leur projet, avec l’aide des chirurgiens dentistes du Québec en pratique privée.

Les jeunes de la rue présentent parfois des cas d’extrême pauvreté, de toxicomanie ou de santé mentale. Mais ils ont une force, une volonté de s’en sortir et l’équipe est fière de les aider.

Si dans 20 ans, il y a deux ou trois dentistes qui offrent bénévolement une vingtaine d’heures par année, ça représente un dentiste par semaine sur le terrain. On pourrait alors étendre notre pratique aux personnes âgées, aux jeunes familles et aux immigrants.

On ne peut pas sauver toutes les dents, mais on peut faire notre part et améliorer l’image du dentiste

(Atd Quart Monde, nov.08)

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2008-12-06

GRÂCE À VOUS ET À L'ITINÉRAIRE, J'AI CHANGÉ DE PERSPECTIVE

Tout a commencé par un accident...la chute d'un arbre, moi en-dessous et vlan ma vie qui change du tout au tout. Une mauvaise hernie à la colonne, pendant cinq ans, de plus en plus courbé, opération au dos, plus capable de travailler, pas de CSST.

J'ai vécu dans un refuge. Les intervenants et les bénévoles m'ont soutenu du mieux qu'ils le pouvaient. Pendant cette année de convalescence, le temps était très long et la belle qualité de vie que j'avais avant mon accident était bien loin.

Après ma convalescence, pas d'emploi à l'horison même si je voulais avec toute la bonne volonté du monde gagner dignement ma vie. Puis l'hiver arrive, plus d'argent, et c'est la catastrophe...obliger de quêter pour assurer un minimum vital. Humilié, le foulard devant la figure, espérant que personne ne me reconnaisse, je demandais la charité aux passants.

Puis, un jour, un gars de l'Itinéraire m'a proposé de vendre leur magazine. Après quelques hésitations, j'ai décidé d'y aller au début du mois de février. Depuis ce temps, l'espoir est revenu. J'ai retrouvé le contact social dont toutes les personnes normales ont besoin et que j'avais perdu.

Aujourd'hui, grâce à vous, je revis...Merci de tout coeur.

Yvon Massicotte, camelot

2008-10-21

MA VIE N’EST PAS TOUJOURS ROSE
par Michel L.

J’écris pour me libérer, me confier et faire sortir le trop gros que j’ai sur les épaules et la conscience.

Je vis dans un endroit qui n’est pas de tout repos : consommation de drogues, agressivité, insécurité…Je ne me sens pas chez moi, libre de faire ce que j’ai envie, de peindre, de sculpter car j’ai la tête pleine d’images. Je veux me trouver un logement et reprendre ma vie en main. Je pleure parfois sur la ruine de ma vie, j’ai perdu contact avec ma famille. Pour l’instant je survis, mais qui peut dire que la vie est facile?

À 50 ans, porteur du VIH et avec ma santé qui se détériore, je continue de me battre pour ma dignité, ma liberté et mon univers de bonheur.

(L’Itinéraire, octobre 2008)

2008-10-02

JE MARCHE LA TÊTE HAUTE

France a travaillé comme couturière jusqu’à 46 ans, sans savoir lire et écrire. A cet âge, elle s’inscrit à un groupe en alphabétisation et elle reprend confiance. « J’ai désormais plus d’assurance en mes capacités ».

Son énergie a gagné sa fille qui s’apprête à entrer au GEGEP. « Ma fille a appris aussi à travers ma démarche. Elle m’a vue me prendre en mains et ça l’encourage. Elle a compris qu’il ne faut pas attendre après les autres pour s’aider soi-même ».

« J’encourage les adultes à avouer leurs difficultés avec la lecture, à s’inscrire en alphabétisation et à cesser d’avoir peur ».

France a retrouvé la fierté. « J’ai appris à m’accepter et je marche la tête haute ».

(L’Itinéraire, septembre 2008)
HEUREUX DE CE QUE J’AI

J’aime beaucoup les bijoux, j’habite un quartier défavorisé mais je fais attention à mon image.

L’argent que je mettais dans la drogue et l’alcool est investi maintenant dans les choses plus essentielles comme la nourriture, des cadeaux que je fais aux personnes qui me sont proches.

Quand j’ai arrêté de fumer, je me suis permis un voyage pour aller voir ma famille.

Je crois que le fait d’avoir connu la rue et la pauvreté me fait apprécier ce que j’ai aujourd’hui.

J’ai des rêves mais je suis heureux de ce que j’ai aujourd’hui.

Richard T. (L’Itinéraire)

2008-09-11

RÉINSERTION SOCIALE PAR L’ENVIRONNEMENT

Anne M., passionnée de nature, a eu une vie mouvementée avant de joindre Pousses Urbaines, organisme spécialisé en horticulture.

«J’ai vécu des situations instables, mais c’est fini, à présent je m’occupe de mon environnement. Quand j’ai décidé de sortir de la rue, je cherchais une occupation qui allait me plaire. Je prends soin des plantes, je suis payée pour être entourée de l’odeur de la terre, de soleil, de verdure, c’est incroyable. Ce projet m’a rapprochée de ma famille; ma mère m’appelle pour me poser des questions sur l’environnement et le recyclage. Elle est fière de voir que j’ai enfin un pied bien ancré dans la terre. Je gagne ma vie en rendant service, je fais du jardinage, du désherbage, de la revitalisation de ruelles et d’espaces publics.

Dans ce projet, je travaille aussi sur moi-même. Je ne me sens pas jugée, il n’y a pas de pression, pas de compétition mais j’évolue énormément. Je fais ma part pour la planète et c’est très valorisant. Je suis ici pour moi. Cela teste ma personnalité, mon endurance et ma capacité d’adaptation. C’est un tremplin vers l’avenir.»

Alex N. (L’Itinéraire, août 2008)

2008-09-02

Sans bruit...
Betty Ward s'engage personnellement d’une façon extraordinaire afin d’enrichir la vie des autres. Elle s’active en coulisse, sans tapage, à aider les sans-abri et les femmes battues, leur offrant compagnie et espoir. Betty ne recherche pas de rôle de leadership professionnel mais utilise son temps et ses talents à aider les personnes que beaucoup d’autres éviteraient . en plus, elle a inspiré plusieurs autres à travailler avec elle pour offrir des retraites semestrielles aux femmes en transition jugées susceptibles de reconnaître le visage de Dieu.

Betty a dit : « C’est vraiment un honneur d’avoir été prises en considération. Mes liens avec les femmes en transition me sont précieux, car elle m’ont appris beaucoup sur la survie, la croissance et la guérison. »
Spokane : A.P

2008-08-15

DE L’ENFER DE L’ALCOOLISME AU BONHEUR

J’ai vécu dans une famille ordinaire de 6 enfants. Dans mon enfance, les déménagements successifs, souvent en cours d’année, donc plus d’amis, retard scolaire, instabilité à tous points de vue !

A 16 ans, je commençais à travailler dans une brasserie, ce fut le début de mes malheurs. J’avais la bière gratuitement, je pouvais en apporter chez moi. Je suis devenu alcoolique. Marié mais immature, irresponsable. Quand j’ai eu des enfants, j’ai cru que tout s’arrangerait, mais j’étais un père absent et incapable de ne pas boire. J’habitais le sous-sol de ma maison, avec ma TV, ma bouteille, je n’étais que le pourvoyeur de ma famille. Ma femme gérait tout !

Un jour, un compagnon de travail s’est absenté durant 3 semaines et quand il est revenu, tout avait changé : sur son conseil, je suis allé faire une thérapie à mon tour, j’ai tout expliqué à ma femme, puis nous nous sommes séparés. J’ai commencé à m’intéresser aux autres. J’ai appris à m’excuser et j’ai demandé pardon à mes enfants d’avoir été un père absent et alcoolique Ils ont eu assez de compassion, de tendresse, de confiance en moi pour me pardonner.

Aujourd’hui je suis heureux. Je crois en Dieu et je comprends l’importance de la spiritualité. Si je peux aider quelqu’un par mon témoignage, ce serait déjà beaucoup. Je dis aux autres d’avouer leur alcoolisme. Aller chercher de l’aide, c’est aller au devant du bonheur !

Anonyme

2008-08-06

CLAUDE NOUS PARLE DE LUI

« Apprendre à se connaître, c’est connaître plus que nos noms et nos prénoms : c’est se dire qui on est, parler de sa famille… on a tout un passé. »

Je suis né dans la ville de Québec, au Canada. Je suis le 6e d’une famille de 8 enfants et je considère que je suis d’une famille multiculturelle, une famille du Monde. Mon grand-père était écossais et ma grand’mère était amérindienne. Mon autre grand-père s’est sauvé de la Bulgarie, il s’est marié à une Acadienne.

Mon premier engagement pour le Mouvement Quart Monde a été quand on m’a demandé d’organiser la délégation des jeunes qui se rendaient à Genève, au Bureau International du Travail.

Ce n’est pas la misère des familles qui m’a engagé –
la misère ne peut pas engager les gens, elle trop pénible – c’est le courage que ces familles ont, même dans les moments les plus difficiles. Ce sont les efforts que font les gens qui disent qu’il est possible de s’engager aux côtés et avec les familles de la misère.

Mon engagement dans le Volontariat a mûri. Il y a eu des moments durs comme des moments fantastiques. Des amitiés se sont créées avec des volontaires et avec des familles. Certains sont devenus très importants pour moi.

Cette communauté, ce groupe de volontaires me fait vivre et me garde heureux. Chaque nouveau jour est un jour de bonheur. Je suis heureux tous les matins quand je me lève parce que pleins de nouvelles choses m’attendent.

Claude D.

Claude est décédé à 43 ans, au cours d’une fête réunissant de nombreux volontaires et amis
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2008-07-18

JARDINER… UNE THÉRAPIE !

Chaque printemps, je me prête aux joies du jardinage. Un immense champ, tout près de mon logement d'ancien itinérant; je cultive un petit potager, plusieurs légumes, quelques fraises, des fleurs.

Nous sommes des dizaines de résidants à cultiver un potager, sur un terrain qui appartient à Hydro-Québec. Nous n’avons pas demandé l’autorisation, mais Hydro-Québec ne semble pas regarder de trop près ces cultures maraîchères ou florales.

J’aime toucher la terre de mes mains, car je sens que je fais partie de la nature et j’ai l’impression que c’est bon pour moi. C’est aussi très valorisant de voir pousser mes propres légumes. Jardiner c'est comme une thérapie!

Maxime, camelot pour L’Itinéraire

2008-07-01

UN MIROIR EFFICACE

Se défaire de l’emprise de la drogue est un combat de tous les jours. Lorsque j’étais en thérapie, j’ai retenu une méthode pratique pour m’aider à relever mes défis personnels, c’est de se regarder dans un miroir. C’est devenu un réflexe : chaque fois que je passe devant un miroir, je m’arrête et je me parle pour me conditionner à ne pas recommencer. Avec le miroir, je vais chercher ma motivation pour ne pas retomber.

Maintenant je vois les belles choses de la vie que je ne voyais pas avant. Je suis devenu plus agréable pour les autres et j’ai du plaisir à échanger avec les gens qui m’entourent, ce qui était impossible auparavant. Ce moyen simple m’aide à me connaître et à régler mes problèmes sans avoir à me confronter aux autres.

Denis A. (L’Itinéraire)
ETRE PÈRE AUJOURD’HUI

Etienne vit les joies de la paternité :

«Dès que j’ai pris Roxane dans mes bras, j’ai vu ses petits yeux se fixer sur moi. On se donne mutuellement de l’amour, c’est un sentiment indescriptible.

Chez nous, les tâches sont séparées de façon naturelle. Je suis un peu ‘macho’, mais ça ne m’empêche pas de m’impliquer auprès de ma fille et d’épauler ma femme.

Je suis confiant d’être un bon père. J’ai eu de bons parents, donc de bons exemples. C’est certain qu’il n’y a pas de manuel pour apprendre, mais j’essaie d’être proche de ma fille et à l’écoute de ses besoins. »

Etienne G. (L’Itinéraire)

2008-06-26

POURQUOI ME CONFIER

Dans la vie, nous avons, tous et chacun, besoin de nous confier.
Un confident nous permet d’ouvrir notre coeur et de soigner nos blessures.

J’en ai fait l’expérience et j’en ai recueilli de nombreux bienfaits.
Quand j’ai pris la décision d’arrêter de consommer alcool et cocaïne, un réveil spirituel s’est manifesté en moi. J’ai compris que je n’avais pas besoin de ces substances pour fonctionner. Pour réussir ce changement, les membres de la fraternité AA m’ont encouragé et apporté de l’espoir. Grâce à eux, je me suis senti mieux dans ma peau et j’ai pris l’initiative d’aller vers les membres de ma famille.

Pouvoir me confier à ma famille et à mes amis m’a permis de rester en vie. Depuis ce temps, je me confie beaucoup à mes parents. Je ne cache rien à ma mère et elle est souvent de bon conseil avec moi. Je me libère du ‘méchant’ que j’ai en moi en échangeant avec mes proches.

Richard T.,

2008-06-17

DIEU AU CŒUR DU TRAVAIL

Je suis fils de travailleur.
J’ai su très tôt qu’il fallait se lever de bonne heure pour avoir sa place au soleil.

Je suis devenu prêtre et peu à peu je me suis senti mal dans ma peau.. L’Église n’avait pas de parti-pris clair pour les travailleurs et les opprimés. Je suis devenu travailleur manuel dans la cave d’un grand Hôtel. Cette conversion des pieds et ce baptême dans ma chair m’ont amené à voir Dieu et à le chercher avec des yeux nouveaux.

Le monde du travail m’a ramené à la dure réalité de la vie et de la lutte. J’ai senti dans ma chair la douleur de cette foule de travailleurs et de travailleuses qui partent chaque matin vendre la force de leurs bras sur le marché du travail pour le pain quotidien. J’ai aussi touché du doigt l’inégalité des chances devant l’injustice. J’ai été congédié, j’ai eu des procès, j’ai eu des ennemis…! J’ai ouvert les yeux et j’ai reconnu Dieu au cœur du travail et des luttes, lui qui chaque jour visite et libère son peuple.

Dans la cave de ce grand Hôtel, j’ai vu bouger l’Évangile avec des visages, des noms et des gestes dans la vie simple de mes compagnons et compagnes de travail. J’ai reconnu Dieu à l’ouvrage dans des gestes de solidarité et de libération.

Il n’y a pas d’autre Dieu que Celui qui a entendu les cris de son Peuple et qui a décidé de les faire sortir de leur esclavage. Il n’est pas venu faire un stage parmi nous, il a suivi le chemin de l’humanité jusqu’au bout.

J’ai vu des travailleurs debout et je me suis réjoui parce qu’ils étaient déjà marqués par la Résurrection. Le Royaume de Dieu est proche si nous avons les yeux ouverts.

Benoît F. (Relations, extraits)

2008-04-29

POUR LES FEMMES DE LA RUE (témoignage)

Diane T. s’est un jour approchée des femmes de la rue à pas feutrés. Elle savait que chacune a une histoire, donc qu’elle a quelque chose à dire. Elle les a invitées à ouvrir un morceau de leur vie, parfois des lambeaux. Elle les a laissées libres de se donner un nom de plume ou un vrai nom ou l’anonymat. Elle en a constitué une mosaïque de petits textes dans un livre un peu éclaté avec des zones de lumière et des zones d’ombre. Le fruit de ce travail est publié aux Editions Remue-Ménage : « L’ABC d’art de la rue des femmes ».
Une autre façon de faire connaître les femmes de la rue ou les femmes qui fréquentent les centres de courte durée, les femmes en voie de réinsertion sociale! Un autre regard sur ces femmes qui appellent notre respect et notre compassion!

Carole M.

2008-04-15

UNE AUTRE JOURNÉE COMMENCE

J’ai décidé de publier dans mon Journal de rue l’une de mes peintures, celle qui est suspendue sur un mur à la maison et dont le thème est « Lever du soleil ». Le soleil m’inspire beaucoup. Cela fait environ un an que j’ai commencé à peindre. C’est un atelier de peinture qui m’a donné le goût de prendre les pinceaux, il y a un an. Je peins au rythme d’une fois par semaine.
C’est par la peinture que je peux m’exprimer davantage, donner un sens à ma vie, transmettre mes émotions et mes sentiments et partager mes pensées. Tiens voici une de mes pensées :
Quand le ciel est gris, regarde vers la Terre,
Quand le ciel est bleu, regarde vers les cieux.

Jacques É.



JE VOUS LANCE UN S.O.S.

Je vends un Journal de rue depuis longtemps. Vous qui passez devant moi, vous acceptez ma présence et vous me dites que je fais presque partie du décor. Ça me fait plaisir quand vous me dites bonjour en passant. Je suis à mon poste quand vous allez travailler le matin, je vous vois aller magasiner et je vous retrouve en fin de journée. Cependant, même si je travaille d’arrache-pied, j’ai peine à joindre les deux bouts. J’ai besoin qu’un grand nombre de personnes fidèles achètent le journal. J’ai besoin de vous. Vous êtes ma seule chance d’atteindre mon but. Je voudrais pouvoir compter sur la vente du Journal comme seule source de revenu. Est-ce trop espérer? L’avenir réserve sa réponse, mais j’ai confiance.

Normand D.

2008-04-10

DAVID ET SOPHIE

Un couple et leurs 3 enfants s’engagent en faveur des pauvres et pour lutter contre la misère.

Sophie est du Québec et David est français. Ils vivent en France pour le moment, mais leur engagement comme volontaires dans le Mouvement Quart Monde peut les amener à d’autres pays parce qu’ils ont au cœur une compassion pour des personnes pauvres, qui ont le courage de se lever chaque matin. Avec elles, ils disent NON à la misère. David et Sophie sont engagés dans un Centre de promotion familiale créé par le Mouvement Quart Monde.

SOPHIE : « Mon engagement dans le Mouvement veut permettre à des familles pauvres d’être accueillies dans un logement, de découvrir le quartier et de se préparer à repartir dans un logement définitif. »

DAVID : « C’est un projet qui demande une énorme dose d’énergie car il propose aux adultes et aux jeunes de travailler ensemble dans des activités de formation et de culture; ce sont les relations qu’on tisse ensemble qui me marquent…»

Actualités Quart Monde, mars 2008 - Th.

2008-03-24

TAIZÉ… un tout petit village

Un petit village qui résiste à cette société de consommation, de valeurs superficielles, de superflu, du temps pressé et de l’individualisme.

En montant cette côte où le petit village de Taizé est perché, j’ai ressenti la force de ce lieu de prière, la grande énergie qui émanait de ce monticule. Ce fut le choc! Une nuée de jeunes adultes allant dans tous les sens. Mes premiers pas dans ce complexe immense de Taizé étaient tout simplement étourdissants. Il y avait des bagages partout et beaucoup d’autobus. Comment peut-on s’imaginer passer là une semaine d’intériorité?
Pourtant, petit à petit, le chaos s ‘évanouit, laissant la place à un état de béatitude: le coeur s'adoucit, l’âme se nourrit.
Qu’est-ce qu’il y a de si spécial à Taizé ? Soi-même, sa vérité, sa réalité. Toutes les individualités s’unissent pour ne former qu’une seule voix de prières et de chants. Même s’il y a 5000 personnes dans un même lieu, il y a toujours soi-même présent pour parler intimement à Dieu. Recueillement. Silence. Intimité.
Ce qui rend Taizé unique est cet unisson ultime de respect, d’intimité partagée, de simplicité.
Même si on ne la trouve pas sur une carte routière, elle est sur la carte de mon cœur!

Thierry

2008-03-11

Ça saute aux yeux... Par Mariève Tremblay


"Quelle histoire touchante! Etre sourde et
non- voyante pour faire sa vie n'est
sûrement pas toujours de tout repos.
Quel courage de trouver la joie malgré
sa différence, c'est une belle leçon de vie
qu'elle nous apporte.
" Voici une description faite de son contact
avec Éveline par son interprète Hélène:

"Nous étions à la chapelle; son regard s’est posé sur moi, profond, confiant, paisible, alors que je m’asseyais pour la première fois à ses côtés. Nos mains s’étaient rejointes.

Éveline est née sourde. Chaque jour où je la voisine, son accueil me ramène résolument à elle. J’embrasse ses mains, elle ouvre les yeux d’un jet, renverse la tête en riant et me serre tout contre elle. Elle a tant à dire et j’ai tant à apprendre. Elle sait tout : les potins, l’actualité, mon cœur, les lois, l’horaire, les autres, hier et demain. On jase, on jase. Elle m’enseigne la vie. Et après on marche. Tout le monde vient à elle. On jase juste un peu plus. Pourquoi tous les mots alors que d’un haussement, elle devient complice, d’un subtil clignement, elle désapprouve, d’un plissement, elle remercie !

Le regard éclairé de ses mimiques, nourri de son sourire qui aime… le regard d’une femme extraordinaire qui a vu 81 ans passer.

Éveline est aujourd’hui aveugle et je suis son interprète. Avec toute mon affection, Hélène "

2008-03-10

DES PASSAGERS SANS VALISE

Michel est un chauffeur d’autobus pas comme les autres. Sa clientèle est celle des sans-abri, donc sans-valise. Son circuit est celui des rues du centre-ville de Montréal. Son terminus est l’un des refuges où les sans-abri peuvent trouver un gîte pour la nuit. C’est là qu’il dépose ses clients sans-valise. Tous les soirs, de décembre à fin mars, Michel sillonne les rues du Centre-Sud et du Centre-ville, il fait la navette entre 4 maisons pour sans-abri, il fait monter ses clients transis par le froid et le vent.
«On ne peut les laisser dehors à -20° »

Beau témoignage de compassion !

(Revue de Presse, Quart-Monde)

2008-03-06

UNE PERSONNE BLESSÉE,

Ana est née au Salvador.
« Toute jeune, j’ai été abusée par mon frère, mon père, mon beau-père, les voisins. A 18 ans, je suis partie au Guatemala, puis au Mexique. A travers une vie de misère et d’itinérance, j’ai eu trois enfants dont un trisomique. Puis je suis passée aux Etats-Unis où, malgré mon manque d’instruction car je ne suis jamais allée à l’école, j’ai fini par exercer de vrais métiers : blanchisseuse, couturière. Mon idée était d’aller au Canada pour éloigner mes enfants de la misère. A 49 ans, le Canada et le Québec m’accueillent et pour la première fois j’ai obtenu un appartement et découvert une dignité que je n’avais jamais connue. Maintenant, je me sens considérée comme une personne. Une personne blessée mais une personne quand même. »
__________________

Bravo Ana, pour ton courage, ta volonté de sortir de ta misère et ton amour pour tes enfant! Nous te souhaitons de trouver au Canada un milieu et des gens qui reconnaissent tes droits de femme et de mère pour que tu puisses vivre dans la dignité. Tu as toute ma compassion !

2008-02-29

DE GRAND-PÈRE ROBERT

Ma petite-fille est née il y a moins de deux ans, en Chine. Abandonnée dans un lieu public le jour de sa naissance, trouvée et remise au personnel d’un orphelinat; inscrite sur la liste d’adoption et ce furent ma fille et son mari qui devinrent la mère et le père de Clara. Du coup, je devenais grand-père et un grand-père comblé et ma petite-fille devenait plus choyée qu’une princesse.

Est-ce que je dois me réjouir en pensant qu’avec une famille, la sécurité et l’amour, Clara aura comme un supplément de bonheur garanti !

JE NE CROIS PAS

Il est facile d’aimer au présent, mais l’amour véritable se projette dans le futur de l’autre. Aimer nos petits enfants, c’est leur donner nos forces et notre temps pour qu’ils puissent vivre dans un monde viable et exempt de conflits, le plus possible.

De grandes questions comme l’environnement doivent nous préoccuper, la pollution, la production des Gaz à Effets de Serre (GES) des grandes pétrolières certes, mais notre production, chacun de nous. On veut compenser par la production du méthanol, par une culture intensive du maïs, chez nous et dans les pays du Sud, on ne pense pas que cette production massive vise plus à satisfaire la soif de nos voitures, amasser des bénéfices pour les riches qu’à vraiment contribuer à réduire les GES et de plus ce sont les forêts du Sud qui seront détruites et les terres agricoles, appauvries.

Cela, il faut le dire sur la place publique, se renseigner, faire la promotion des alternatives comme le transport en commun. Il en va de la vie et du bonheur de ceux que nous affirmons aimer, nos petits-enfants et toutes les générations qui nous suivront.







2008-02-21

- Un ami de la France nous confie cette intention de prière:
Edith, qui a accouché d'un petit Martin. Celui-ci est en pleine forme. Pendant l'accouchement, il y a eu de graves complications et Edith est actuellement en réanimation dans un état très critique. Les médecins ne se prononcent pas sur ses chances de survie. Son foie saigne beaucoup et l'hémorragie, qui semblait stabilisée, a de nouveau reprise.

En union de prière,
Marie des Neiges

2008-02-07

L’AMOUR PARTAGÉ

La fête de la St-Valentin est une journée où on pose de petits gestes pour les gens qui nous tiennent à cœur. Bien sûr, c’est toute l’année qu’on doit le faire. Mais ce jour-là c’est un sourire, un mot gentil, une caresse, une carte de vœux, une caresse pour partager notre amour avec les gens qui nous sont proches.
C’est la fête de l’amitié, de la bonté, de la tendresse, de la compréhension, de l’amour; c’est un prétexte pour faire plaisir, partager notre bonté et mettre de côté nos chicanes.
C’est une journée importante parce qu’elle est synonyme d’amour.

Mots d’un camelot : Gilles et Richard

2008-02-05

COMPASSION ET ESPÉRANCE

Ce matin, à la sortie du métro, Éric, un camelot m’accueille avec un beau ‘Bonjour Madame’.
Abonnée de cœur à son journal de rue, je l’achète tout en m’informant de lui… Et le voilà parti dans les confidences : 16 mois de prison, heureux maintenant de ce travail de camelot, motivé en pensant à son fils de 3 ans qu’il veut garder, toujours craintif devant la DPJ. « Je vais tout faire pour le garder! »

Éric est venu chercher en moi ma compassion, lui, m’a donné son espérance et sa force de décision de garder ce qu’il a de plus cher, son fils.

Un matin gris mais nos vies sont toutes ensoleillées!

Un 'au revoir' tout joyeux et plein de confiance…

Émilie Gamelin
était là avec nous, entre nous, je lui confie Éric.

Th.

2008-01-27

Est-ce cela la compassion?

"J'avais alors 16 ou 17 ans et j'étais en voiture avec trois de mes amis. Soudain, l'auto qui roulait devant nous a fait une embardée et a capoté plusieurs fois. On s'est évidemment arrêtés sur-le-champ. Je ne sais pas comment j'ai fait, vu l'état de choc dans lequel je me trouvais, mais je suis sortie de la voiture et me suis précipitée pour secourir les accidentés. J'ai d'abord composé le 911, puis j'ai sorti des couvertures de l'auto pour couvrir les victimes. L'une d'entre elles était coincée dans la voiture et on n'a pas voulu la toucher- de peur de faire une mauvaise manoeuvre - mais on a pu sortir l'autre personne. Les choses se sont passées très vite et ce n'est qu'après coup que j'ai vraiment réalisé tout le courage que ça m'avait pris pour garder mon sang-froid." Patricia, 29 ans

(Lu dans "Elle Québec" novembre 2007)

2008-01-16

Harmoniser les deux parties de mon être

Vers l'âge de dix ans, je me suis fait une perception de l'amour, tel que moi je l'ai compris, sans poser de questions à mes parents. J'ai commencé à chercher des moyens pour me faire aimer, j'ai pensé que l'amour je devais le mériter. J'ai commencé à faire toutes les tâches que l'on me demandait, comme faire la vaisselle ou aider ma mère à faire de la pâte à tarte. J'étais déçu, je ne me sentais pas plus aimé.
À l'école, j'ai perdu le peu d'estime qu'il me restait car j'avais un gros problèmes d'apprentissage et la maîtresse me ridiculisait devant les autres élèves. Je ne me suis pas senti aimé et j'ai détesté l'école. À quatorze ans, mon père est tombé malade et je l'ai manipulé avec sa maladie afin de laisser l'école.
J'ai commencé à travailler dans une crèmerie comme journalier. J'ai oeuvré là pendant deux ans, à raison de douze heures par jour et sept jours par semaine. J'ai laissé ce boulot pour aller travailler à Montréal, où j'ai débuté à l'université de la vie, toujours à la recherche de l'amour. J'ai appris la lecture de plans les soirs, avec de vieux plans qu'un contremaître me donnait. Il m'encourageait et me disait:"Remarque le travail que tu fais le jour et regarde le plan. Quand tu auras terminé avec, tu sauras comment cela fonctionne."
Quelques années plus tard, je commençais comme contremaître mais je ne m'aimais pas plus. J'ai alors connu l'alcool qui m'a aidé à décompresser pendant plusieurs années. Merci mon Dieu! Car cela m'a aidé à vivre dans ma souffrance. J'ai connu Alcooliques Anonymes dans mes recherches de bonheur. J'ai fait des thérapies sur les Étapes AA mais je n'étais pas capable de me pardonner. J'ai cherché partout pour trouver le bonheur dans les meetings intensifs.
Puis, un jour, j'ai fait une fin de semaine intensive à COPAM (une communauté de base) par l'entremise d'un ami et, pour la première fois, je me suis senti aimé sans condition et accepté tel que j'étais. C'est devenu une famille pour moi, je ne trouve pas les mots pour vous exprimer ce que j'ai ressenti à l'intérieur de moi: un bien-être inexplicable. Depuis ce temps, je pense à toutes ces personnes chaque jour et je les place dans mon coeur et mes prières.
"Maître, quel est le plus grand commandemant de la Loi?" Jésus lui dit:"Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit: voilà le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même." (Mt 22, 36-39)
C'est avec les gens de COPAM que j'ai commencé à apprendre comment aimer à la manière de Jésus. Je termine en vous disant: "Merci, je vous aime de tout mon coeur."
A.L. Tiré de la revue "Sève" de la communauté de COPAM